Venues d’Israël, les trois sœurs publient un premier album où les traditions familiales font peau neuve sur le dance-floor. Rencontre.
A peine trois minutes d’interview et Tair se met à chanter Habib Galbi en tapotant sur la table devant elle. Liron et Tagel, assises à ses côtés, sourient doucement en regardant leur grande sœur, avec qui elles forment le groupe A-Wa. Les trois savent bien que cette chanson, Habib Galbi – qui est aussi le titre de leur premier album –, rend les gens complètement fous. Avec ses harmonies vocales en bordel et ce fatras jouissif de sons acides, les sœurs Haim ont signé un tube comme on en écoute que trop rarement : aussi efficace que singulier.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Magie fédératrice
Grâce à lui, l’album et les douze chansons qu’il contient se sont déjà hissés au top des charts en Israël, leur pays. Détail historique : c’est la première fois qu’un groupe qui chante en arabe est numéro 1 en Israël. Mais en France et ailleurs, le potentiel est tout aussi grand. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça, il suffit d’entendre une chanson d’A-Wa pour comprendre la magie fédératrice de ces trois voix entremêlées.
“Nous sommes sœurs, explique Liron, nous partageons le même amour pour la même musique. Notre truc, c’est divertir les gens autour de nous, nous sommes comme ça depuis toutes petites.”
Tair enchaîne :
“Les gens sont plus ouverts aujourd’hui. Ils cherchent des choses qui leur plaisent, peu importe la langue dans laquelle ça se passe. Ce qu’on veut, c’est véhiculer un message d’égalité, notamment entre les sexes, et raconter des histoires qui vont directement au cœur.”
La fête au quotidien
A Shaharut, le village qui les a vues grandir dans le désert israélien, les trois sœurs ont appris les chansons traditionnelles qui se transmettent dans cette famille d’origine yéménite, arrivée là dans les années 1940. Ce sera leur premier rapport à la musique. Et bien sûr, à la maison, ce sont les femmes qui chantent et bricolent des rythmes avec ce qui leur tombe sous la main. Ça se passe en général dans la cuisine, et la fête s’impose comme ça au quotidien. C’est d’ailleurs ce que raconte le clip d’Habib Galbi, évidemment tourné à Shaharut et qui a déjà dépassé les 3 millions de vues sur YouTube.
Dans la vidéo, toutefois, quelque chose diffère de l’histoire familiale : les sœurs Haim désertent le foyer pour aller danser, rouler vite en 4 × 4 et chanter dans le désert en toute liberté. Car A-Wa c’est ça : des traditions musicales digérées par trois filles de leur époque, pour qui être libre est aussi naturel que de mélanger folk yéménite et dance music. De Shaharut à Tel-Aviv, où elles vivent aujourd’hui, elles n’ont absolument rien mis de côté.
“Notre génération a besoin de retrouver ses origines et de les combiner à des influences musicales plus contemporaines, observe Tair. On adore le hip-hop et le reggae, par exemple.”
Ce croisement des mondes, cette insouciance désarmante, ce don naturel pour répandre la joie, il faut aussi les voir sur scène pour comprendre. En concert, A-Wa est une machine de paix qui secoue et rapproche les corps, et repousse à peu près tout au lendemain. Un conseil pour leur tournée en France cet été : yolo avec A-Wa.
{"type":"Banniere-Basse"}