Nouvel album, toujours pertinent, d’un pianiste en activité depuis l’Antiquité.
A 79 ans, qu’il porte avec allure, Ahmad Jamal est l’un des derniers géants du jazz (il préfère parler de “musique classique américaine”). Leader exclusif depuis 1951, il est aussi l’un des grands stylistes du piano. Miles Davis le citait parmi ses influences majeures, pour son sens de l’ellipse, le discernement avec lequel il choisit ses notes, leur confère une expressivité et un impact décuplés. Ahmad Jamal a grandi à Pittsburgh, une place forte du jazz (Art Blakey, Stanley Turrentine, George Benson…). Sa carrière a connu des hauts – il a été l’un des premiers jazzmen exposés au succès international, avec plusieurs albums majeurs à la fin des années 50 – puis une longue période de repli. Très actif depuis les années 90, il est un créateur inlassablement prolifique.
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Dans le contexte du trio (ici élargi avec le percussionniste Manolo Badrena), avec James Cammack à la contrebasse et Kenny Washington à la batterie, une formule qu’il privilégie depuis longtemps, le “Little Big Man” revient avec A Quiet Time, de nouvelles compositions limpides et profondes. Comme souvent, ses phrases prennent d’autant plus de relief qu’elles sont précédées et suivies de temps calmes, de silences. L’appui rythmique est intense, sous-tend un lyrisme contenu. Marqué par l’élégance de Nat King Cole, la dynamique des grandes figures du stride tel Fats Waller, Ahmad Jamal orchestre sa musique. A Quiet Time dévoile ses idées harmoniques au fil des écoutes. Une splendide et rare reprise du Hi Fly de Randy Weston, un autre immense créateur, ponctue cette session magistrale.
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