Regard dilaté et tignasse emmêlée, A Place to Bury Strangers continue de lacérer le rock à coups de beats incisifs et méchants : avec l’excellent Exploding Head, les New-yorkais vont effectivement éclater quelques têtes.
[attachment id=298]Dans le civil, Oliver Ackermann dirige une boutique de pédales à effets, bricolées sur mesure avec la méticulosité d’horloges à coucous. Quand il n’est pas réquisitionné pour triturer les guitares de U2, Wilco ou Nine Inch Nails, il peaufine le son abyssal de son groupe, A Place To Bury Strangers, forcément marqué au fer rouge par ses explorations.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Sur son premier album éponyme, le trio de Brooklyn avait estomaqué par ses guitares déchiquetées et ses boîtes à rythmes rêches, fulgurantes réminiscences de ses héros hirsutes, The Jesus & Mary Chain ou Suicide. Comme son titre le laisse supposer, Exploding Head s’avère aussi bouillonnant que le disque précédent, déjà au bord de l’éruption volcanique. Combinant astucieusement rock agité et electro ascétique, A Place To Bury Strangers trône au sommet d’un mur du son imposant.
De là-haut, il peut toiser la concurrence (BRMC, Glasvegas, The Big Pink) et échapper au simple exercice de style. Car le groupe a l’élégance d’éviter le refrain pour stades, le graffiti de riffs brouillons et la panoplie goth trop immaculée pour être honnête. A Place To Bury Strangers préfère faire surgir des brumes des effets infiniment plus subtils. Pâle et désincarnée, la voix d’Ackermann s’élève ainsi du tréfonds de nimbes shoegazing pour résonner dans un écho de cathédrale (In Your Heart).
Mais même lorsque le groupe aère ses morceaux en coupant tout quelques instants, pour mettre à nu un arpège savant (Keep Slipping away) ou une pulsation de beats minimalistes (Ego Death), il reste cloîtré dans un univers poisseux et ténébreux qui lui sied à ravir.
Album : Exploding Head (Mute/EMI)
{"type":"Banniere-Basse"}