La naissance en Norvège de la plus intrigante scène techno-jazz fait indéniablement partie des récentes bizarreries de la géographie musicale (tout près de la fascination viennoise pour le dépaysant dub jamaïcain). Et, manifestement, ce foyer va être alimenté encore pendant longtemps, si l’on se fie à l’apparition surprise du collectif Jaga Jazzist. Au début, la […]
La naissance en Norvège de la plus intrigante scène techno-jazz fait indéniablement partie des récentes bizarreries de la géographie musicale (tout près de la fascination viennoise pour le dépaysant dub jamaïcain). Et, manifestement, ce foyer va être alimenté encore pendant longtemps, si l’on se fie à l’apparition surprise du collectif Jaga Jazzist. Au début, la rumeur évoquait la constitution d’un improbable All-Stars réunissant Bugge Wesseltoft, Nils Petter Molvaer et d’autres souffleurs d’inspiration electro-organique. Mais, lors des dernières Trans Musicales de Rennes, la troupe Jaga Jazzist a révélé son visage d’anonymes étudiants’, si bien que le subterfuge a laissé place à la stupeur. Voici en effet le premier big band de la génération sampler : son parcours paraît autant avoir été influencé par le Sextant d’Herbie Hancock que par l’electronica bagarreuse d’Aphex Twin.
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Ainsi, à l’écoute d’A Livingroom Hush, on a souvent l’impression d’assister à une jam-session mutante. Moitié batteur moitié cyborg, ce Lars Horntveth au jeu fin et précis bat sur son terrain Squarepusher, le roi de la programmation épileptique ; et les autres musiciens (guitare, claviers, mais aussi saxophones et marimba) semblent se balader entre plusieurs plans temporels. Car cette fusion ne sent pas la sueur dépensée par de laborieux laborantins. Au contraire, les intentions de métissage transgénique n’ont pas besoin d’être formulées comme une simple et voyante addition. Pour arriver à leurs fins baroques et complexes ? la rencontre de leur compatriote Biosphere avec Sonny Rollins et des post-rockeurs ? ?, ces jeunes Norvégiens ont pris l’habitude d’appliquer à leurs compositions en strates la méthode du couper-coller. Entre les instrumentistes se développe un dialogue rempli d’ellipses, d’explosions soudaines de thèmes et de fausses pistes ? des cassures rythmiques préviennent tout ronronnement du moteur jazz-rock. Achevé sur l’ambient torturé de Cinematic, ce premier album devrait rapidement avoir une suite, que l’on espère aussi enivrante et inclassable.
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