Liverpool redevient le centre des fantasmes de la pop anglaise pure et dure avec The Wombats, trois morveux à l’humour vachard et aux mélodies enthousiastes.
A défaut d’être d’une originalité sans bornes, les Wombats savent, mieux que quiconque actuellement, ressusciter l’excitation pour un genre archirebattu mais rarement avec un tel toupet et une telle aisance. Ce titre, A Guide to Love, Loss & Desperation, premier album du groupe, rappelle étrangement le premier album de Supergrass, modèle du genre. Avec un aplomb impressionnant, le groupe y aligne une poignée de tubes nerveux où il est souvent question d’amour, mais vu du mauvais côté de la barrière.
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Car derrière le rigolo Let’s Dance to Joy Division à la mécanique bien huilée, les trois amis déclinent dans leurs chansons les turpitudes adolescentes avec un art de l’anecdote qui fait mouche. Tout commence avec Tales of Girls, Boys and Marsupials, introduction a cappella, joyeusement chanté à tue-tête par les trois compères. Cette pochade hautement mélodique débouche sur le génial Kill the Director, chanson d’amour frustrée où le mythe de la gentille et naïve Bridget Jones se prend les pieds dans le jack, puis sur Backfire at the Disco, qui narre avec humour un rencart qui se termine en pugilat sur le dance-floor ou, plus loin, sur Little Miss Pipedream, comptine sur un amour fantasmé, chantée à trois voix dans la plus pure tradition des Kinks.
Il y a en effet beaucoup de “ouh ouh” et de “na na” dans les chansons des Wombats, des contrepoints mélodiques à reprendre en chœur, le casque vissé aux oreilles : les mélodies se bousculent, se chevauchent même, comme si un trop-plein de cette sève adolescente ressortait ainsi par éclairs mélodiques pour parfaire ces chansons bagarreuses et acnéiques. Après cette petite quinzaine de refrains délicieusement addictifs, une chose est en tout cas certaine : c’est bien dans la cour de récréation que se fomente le meilleur de la pop britannique.
Martin Cazenave
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