[Best of musique 2020] Le mystérieux trio Musman Tsuladze, les musiciens aguerris de Serpent, l’incroyable Londonienne Shygirl… Il·elles sont vingt-et-un, en groupe ou en solo, dont nous avons adoré le premier ep ou dont nous attendons avec impatience le premier album. Voici notre liste “découvertes pour 2021” !
Arlo Parks
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Voilà plusieurs mois qu’on suit la chanteuse londonienne à chaque nouvelle sortie discographique depuis l’étourdissant Cola (2019), ep qui l’a révélée au monde tourneboulé. Née Anaïs Oluwatoyin Estelle Marinho d’une triple origine nigérianne, tchadienne et française, Arlo Parks symbolise, à seulement 20 ans, l’avenir de la néo-soul moderne. Forte d’une culture extra-large (de Fela Kuti à King Krule, d’Otis Redding à Kendrick Lamar), elle marie un sens inné du songwriting à sa voix spectrale instantanément familière. De cette Super Sad Generation, pour paraphraser l’un de ses plus beaux titres, Arlo Parks n’élude aucun sujet, de la rupture amoureuse à la bisexualité. Annoncé pour le 29 janvier, son premier album, Collapsed in Sunbeams, séduira autant les thuriféraires de ballades tristes que les adeptes d’un r’n’b imparable. F. V.
Black Country, New Road
Découvert comme beaucoup d’autres espoirs du rock britannique (Squid, PVA, Tiña) sur le label londonien Speedy Wunderground de Dan Carey, Black Country, New Road a signé depuis chez Ninja Tune et sera l’une des grandes attractions de l’hiver. Avec sa formation atypique de sept musicien·nes (guitares, basse, saxophone, violon, batterie, keys) et seulement deux singles à son actif, le groupe a enregistré son premier album, For the first time, sous la houlette d’Andy Savours (My Bloody Valentine, Yeah Yeah Yeahs). Sur ce disque où les morceaux s’étirent entre 4 et 9 minutes, Black Country, New Road offre un fascinant voyage sonore, entre scansions vocales, saxophone démoniaque et motifs instrumentaux. “Nous voulions sonner exactement comme en live”, insiste le saxophoniste Lewis Evans. “C’est exactement représentatif de nos dix-huit mois d’existence”, reconnaît le chanteur Isaac Wood. Ne cherchez pas plus loin les nouveaux Sonic Youth. F. V.
>> A lire aussi : Black Country, New Road, dernier symptôme de l’hystérie collective anglaise
David Numwami
David Nzeyimana n’est pas un inconnu. Autrefois leader du groupe bruxellois Le Colisée (souvenez-vous de la rengaine Géraldine en 2016), ce touchant chanteur et brillant multi-instrumentiste a depuis accompagné Frànçois & The Atlas Mountains, Charlotte Gainsbourg, Nicolas Godin et Sébastien Tellier. Un CV prestigieux qui n’altère en rien l’humilité du trentenaire belge d’origine rwandaise, facilement reconnaissable à son look capillaire et à son sourire communicatif. Après deux entêtants singles (Le Fisc de l’amour, Beats!), David Numwami (son pseudo en solo) annonce la sortie hivernale de The Blue Mixtape, un premier album composé de dix love songs d’une sincérité désarmante. Ou comment faire le pont entre In My Room de Frank Ocean et Le Cœur grenadine de Laurent Voulzy. On reparlera vite du Basquiat belge de la pop. F. V.
>> [Vidéo] : L’interview “First Class” de David Numwami, génie pop
Serpent
On les a croisés en mars dernier sur la scène du Supersonic, en ouverture des Inrocks Festival, où ils ont laissé entrevoir quelques bonnes raisons de penser qu’ils pouvaient marquer 2020 au fer rouge. C’est finalement en 2021 que le public devrait prendre en pleine face les cavalcades motorik et autres riffs acérés du nouveau groupe de Lescop. Quintette de musiciens aguerris (Mathieu Lescop, Adrian Edeline, Quentin Rochas, Martin Lefebvre et Wendy Killmann), Serpent a dévoilé en novembre Distant Call, un premier single dansant et taquin, extrait d’un ep attendu le 18 décembre, Time for a Rethink. Une embardée post-punk et funky, à mi-chemin entre les rythmes déstructurés de Crack Cloud et l’outrance contagieuse d’un groupe comme Electric Six. Vous avez dit électrique ? F. M.
Cashmire
Originaire du XVIIIe arrondissement parisien dont il parle énormément dans ses textes, le jeune Cashmire a sorti une première mixtape, PoeticGhettoSound, en 2018, en se réclamant d’un “new pop rock”. Les titres Geisha et Cookie (Dark Double Chocolate) nous retournaient alors la tête, le second clippé par ses potes du collectif artistique RCHAOS. Signé depuis chez Sony Music, il parle des « ienclis » et des « zombies » sur Gucci Bae, véritable tube en puissance. C’est sa voix caressante, légèrement mal assurée, rappelant ici et là le Doc Gynéco de Première Consultation (1996), qui assure la singularité du projet. Lui dit admirer Gainsbourg et sa folie. Un premier ep est attendu pour janvier. C. B.
PVA
Jusqu’où faudra-t-il aller pour que la France prenne enfin la pleine mesure de ce qu’il se passe outre-Manche depuis quelques années maintenant ? Tout porte à croire aujourd’hui que le groupe PVA, faufilé dans la brèche défraîchie par les Squid, black midi, Black Country, New Road et consorts, est celui qui vous fera danser sur le cadavre fumant du Covid-19 en 2021. Passé·es par les mains expertes de Dan Carey, boss de la pépinière Speedy Wunderground, les Londonien·nes ont dévoilé cette année Toner, un premier ep infusé à la new wave, au punk et à la fête avec ou sans acide. Le mythique label Ninja Tune ne s’y est d’ailleurs pas trompé en les signant, à l’instar de leurs cousin·es de Black Country, New Road. Dès la réouverture des salles de concert, il sera de première nécessité d’aller voir ces sales gosses qui n’ont que faire du regard de leurs illustres aïeux. F. M.
Shygirl
Cofondatrice du label londonien Nuxxe aux côtés de Sega Bodega, Oklou et de Coucou Chloé, Shygirl tord le r’n’b des années 2000 à l’aide de beats industriels féroces et d’une esthétique mêlant gothique, post-internet et hip hop sur des titres résolument modernes. Après un premier ep, Cruel Practice (2018), Shygirl – qui n’a de shy que le nom – a plié le game avec Uckers, un titre produit par Sega Bodega rythmé par le cri d’horreur d’une nouvelle Marion Crane (Psychose). La voici de retour en 2020 sur l’album KiCk i d’Arca aux côtés de Björk, Rosalía et Sophie, et avec Alias, chez le label Because, un nouvel ep qui mène une réflexion sur la pluridimensionnalité des êtres mais surtout des femmes, trop souvent rangées dans une seule et même case construite à partir des attentes extérieures. Sept morceaux aussi érotiques qu’étranges qui laissent présager le meilleur pour la suite. C. B.
QuinzeQuinze
“Ça nous intéresse de nous définir par rapport à une énergie, plutôt qu’à un style. L’idée, c’est que notre musique est mouvante, changeante”, nous confiait QuinzeQuinze en mars dernier, quelques heures avant de monter sur la scène de la Gaîté Lyrique, dans le cadre des Inrocks Festival. Une belle façon d’échapper à toute catégorisation, pour un collectif brassant influences polynésiennes, culture numérique et sonorités cosmiques. Dans le contexte anxiogène d’une année pandémique, la musique et les images de QuinzeQuinze auront été autant de moments de répit et d’invitations à voyager aux confins de l’imaginaire. En guise d’apothéose, la sortie d’un ep, Le Jeune, chez S76, un nouveau label indépendant, dresse une fresque carburant à l’énergie solaire. F. M.
>> A lire aussi : Rencontre avec quinzequinze, le collectif qui va faire des vagues
Franky Gogo
Batteur·euse pour d’autres (Bertrand Belin, Discodeine…), aperçu·e aux côtés de chorégraphes comme Thierry Thieû Niang, Franky Gogo a repris Sweet Fanta Diallo d’Alpha Blondy sur une compilation du collectif lesbien et féministe Barbi(e)turix, avant de lâcher Fast and Too Much, un ep d’electro-pop enivrée d’énergie punk, sous influence Peaches, bousculant la notion ronflante de normalité. Franky Gogo, qui cite en références le musicien Moondog et la photographe et plasticienne Claude Cahun, explique faire de la musique “pour rallonger les moments de grâce et raccourcir la peine, la peur”. Artiste non-binaire, admirateur·trice de la pensée du philosophe Paul B. Preciado, Franky Gogo devait jouer aux Trans Musicales de Rennes avant qu’elles ne soient annulées. C. B.
>> [Vidéo] : Franky Gogo, la philosophie queer sur le dancefloor
Murman Tsuladze
Bien impossible de démêler le vrai du faux avec Murman Tsuladze, trio de synthpop, en géorgien dans le texte, que forment le chanteur Bacho, Nuñez (croisé au sein de La Femme) et Krikor. Le coup de cœur survint avec un premier single et clip de génie, La Flemme de danser (tourné pendant les manifestations contre la réforme des retraites, en décembre 2019), qui nous avait convaincu·es de les programmer aux Inrocks Festival à la Gaîté Lyrique en mars dernier. Leur premier ep paru à l’automne, Abreshumi, allie second degré et qualité d’écriture, electro discoïde et influences orientales, dans un vaste délire hyper-grisant. C. B.
>> A lire aussi : Dans son nouveau single, Murman Tsuladze nous embarque sur son tapis volant
{"type":"Banniere-Basse"}