Un plantureux cortège célèbre le génie acide et absurde de Boris Vian.
Ils ne sont pas moins de trente-neuf à venir aujourd’hui chanter sur sa tombe. Trente-neuf (ans), c’est l’âge qu’avait Boris Vian lorsqu’il cassa sa trompette, le 23 juin 1959, il y a pile cinquante ans.
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On est donc là pour voir ce défilé de vedettes plutôt bien choisies, chanteurs de toutes générations (de Gréco à Daphné, de Daniel Darc à Mathieu Boogaerts) et acteurs récitants (Carole Bouquet, Trintignant…), imitateurs géniaux (Edouard Baer, qui réunit Vian et Gainsbourg, le maître et son élève) et même la première dame, le temps d’une Valse des mannequins taillée sur mesure pour son feulement ébréché. La belle idée de cet hommage sans naphtaline, concocté par le journaliste Olivier Nuc et par JP Nataf, c’est d’avoir confié l’ensemble des arrangements aux baguettes de Fred Pallem et à son vibrionnant Sacre Du Tympan.
Ainsi chahutées façon big-band pop ou orchestre exotica (voir la splendide Les Iles interprétée par Kent), les chansons acides ou capiteuses, anxieuses ou absurdes de Vian semblent avoir presque tout initié. Gainsbourg, certes, mais aussi Nino Ferrer (La Complainte du progrès, dynamisée ici par l’excellente Juliette), le cynisme stylé d’un Katerine (parfait dans Je bois) ou le rock alterno, la chanson bricolo et le rock’n’roll (mops) frenchie.
Le premier CD enfile les perles déjà connues (dont La Java des bombes atomiques, joliment dégoupillée par Olivia Ruiz), tandis que le second est constitué de chansons inachevées, réinventées par Nataf dans l’esprit pataphysicien de leur auteur. Et si l’ensemble n’est pas sans défaut (Maurane, aka Billie Olida ; les horripilantes Lio et Rona Hartner), la grande majorité des fanfarons qui passent sous les fenêtres du Déserteur ne nous donnent pas envie de déserter.
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