Fier, érudit et racé, le rock des Clermontois de Mustang
fête le retour des blousons noirs.
Fin 2007, un ep surgi d’une cave auvergnate réconcilie les deux plus belles bananes du rock : en mettant un jeune Elvis devant le micro du Velvet, les Mustang ouvrent une voie secrète entre poubelles et paradis. Ils n’ont pas 20 ans, mais connaissent comme leur poche le Tennessee d’antan et le Manhattan de 1967-1977 ; à leur confondant aplomb s’ajoute un sens aigu du pétage de plombs, cultivé au contact des possédés de l’Amérique en noir, de Johnny Cash à Alan Vega. Le premier album du trio clermontois, A 71, jumelle une autoroute de province avec la légendaire Highway 61, où le jeune Robert Johnson échangea son âme pour des doigts magiques. Mais avec Jean Felzine – le chanteur-compositeur-guitariste- braqueur de coeurs de Mustang –, le puy de Dôme a craché le diable en personne, jailli de Vulcania en tenue de Presley 56, cousin de Roy Orbison par la mélancolie bleu nuit, de Lou Reed par le mauvais esprit et de Jon Spencer par l’électricité sexy. Un diable lettré et déluré, qui fait danser Descartes sur un orgue punk-mex (Pia Pia Pia), signe la chanson post-hippies la plus lucide depuis le I’m Set Free du Velvet (Le Pantalon) et invente, avec Anne-Sophie, le yé-yé underground.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Car, dans le merveilleux monde de Mustang, Napoléon n’a jamais vendu la Louisiane aux Etats-Unis, et la langue de Nino Ferrer et Dominique A se chante des rives du Mississippi jusqu’aux plages de Malibu. D’où un tracé d’autoroute inconnu des cartes routières : les stations- services s’y nichent sous les colonnades de Graceland (et ont pour enseigne la guitare carrée de Bo Diddley – King of the Jungle), les bornes électriques sont branchées sur la centrale Stooges (Je m’emmerde optant pour la prise 1969) et les aires de repos proposent de tarantinesques compétitions de surf (l’instrumental Mustang). En alliant aubades et ruades, trois surdoués de la plume et des guitares-bistouris réussissent la greffe, inespérée, d’une écriture bien française sur les cojones du meilleur rock américain.
{"type":"Banniere-Basse"}