Le psychédélisme raffiné d’une Anglaise qui rend dingue.
Des Cowboy Junkies à Mazzy Star, des Cocteau Twins à PJ Harvey, beaucoup de filles ont préparé le terrain – marécages touffus et banquises luxuriantes – aux chansons venimeuses de Sian Ahern, l’âme tourmentée de ce groupe variable. De telles tutrices, fortes d’une personnalité aussi écrasante, auraient réduit à l’esclavage, à la soumission beaucoup de songwriters – mais c’était sans compter sur les humeurs soupe au lait de l’Anglaise, nomade dans sa propre musique, passant d’un blues cosmique comme les composait John Fahey avec le sable de Mojave à un folk bucolique et apaisé, d’un psychédélisme illuminé à un rock spatial. Une telle voix de prêtresse diaphane, qui psalmodie avec une autorité qui ridiculise tant de hurleuses – et des effets autrement plus dévastateurs –, peut effectivement se permettre ces grands écarts entre l’hypertension et la béatitude. Là où, dans des registres vocaux similaires, Jennifer Charles d’Elysian Fields ou Stina Nordenstam n’ont jamais osé violenter leur voix pâle sur des autels aussi escarpés, aussi éloignés, Sian Ahern redonne un sens glaçant aux expressions galvaudées de “chants de sirènes” ou “incantations”. Une des chansons s’appelle d’ailleurs Way down to Heaven, et ce toboggan mystérieux est un délice – aucune chance, par contre, d’en remonter indemne.
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