Une génération d’héritiers revisite le catalogue du plus libre des labels indépendants français.
En 1965, Pierre Barouh, Francis Lai et Claude Lelouch créent Les Editions Saravah car personne d’autre n’a voulu des chansons d’un film en tournage, Un homme et une femme. Un an et une Palme d’or plus tard, la manne apportée par les mondialement célèbres “chabada” offre l’opportunité à Barouh d’investir dans la production musicale à travers Saravah, le label, ainsi nommé d’après la Samba Saravah (de Vinicius de Moraes et Baden Powell) que “le Français le plus Brésilien de France” a chantée dans le film.
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Cinquante ans plus tard, on ne compte plus les héritiers de “l’esprit Saravah”, maison ouverte aux quatre vents et aux cinq continents, qui aura fait éclore ou accompagné des artistes aussi singuliers que Brigitte Fontaine & Areski, Jacques Higelin, David McNeil, Pierre Akendengue, Dick Annegarn ou Steve Lacy. Fidèle à sa nature nonchalante, à son slogan de couleuvre (“Les Rois du slow-bizz”) et à sa devise procrastinatrice (“Il y a des années où l’on a envie de ne rien faire”), Saravah s’est préservé de l’usure, produisant peu mais bien (Fred Poulet, Séverin) ces dernières années, et il aura fallu qu’un chiffre rond vienne donc le tirer de sa sieste.
Plus sage et moins perché que les enregistrements originels, question d’époque, ce “Barouh d’honneur” a le mérite de remettre en lumière des chefs-d’œuvre hors pistes de la chanson française (la plupart signés Fontaine, Areski et Higelin) comme Le Goudron, C’est normal (poilants François Morel et Yolande Moreau), Cet enfant que je t’avais fait ou l’insurpassable Dommage que tu sois mort.
On y retrouve aussi des classiques du taulier baroudeur lui-même, écrits avec Francis Lai (La Bicyclette) ou Jean-Claude Vannier (Décroche-moi la Terre), lesquels brillent d’un éclat nouveau à travers ces jeunes voix souvent majestueuses. On aurait bien aimé que Mathieu Boogaerts, Arlt ou Vincent Delerm, pour ne citer qu’eux, soient conviés à souffler des bougies aux côtés des Bertrand Belin, Jeanne Cherhal, Bastien Lallemant, Albin de la Simone ou Camélia Jordana, mais peu importe, ça laisse de la marge pour les 100 ans.
concert hommage le 20 novembre à Paris (Trianon)
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