A l’occasion de la sortie en kiosque de notre hors série Rock et cinéma, nous avons compilé soixante ans d’amours électriques.
Chuck Berry – Johnny B. Goode (Retour vers le futur de Robert Zemeckis, 1985)
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Le rock au cinéma naît le 6 novembre 1955 lors de La Féerie dansante des Sirènes organisée à Hill Valley. C’est là que Marty McFly remplace au pied levé un musicien blessé pour interpréter Johnny B. Goode et y invente le fameux duckwalk indissociable de l’auteur du morceau, Chuck Berry. “Je crois que vous n’êtes pas prêts pour ce genre de choses. Par contre, vos gosses vont adorer ça”, conclut Marty devant un public médusé par sa prestation. Hail ! Hail ! Rock’n’ roll !
https://www.youtube.com/watch?v=ZFo8-JqzSCM
Bill Haley & The Comets – Rock Around the Clock (Graine de violence de Richard Brooks, 1955)
Pour les puristes, Bill Haley, c’est pas du rock, trop preppy, pas assez sale ; pour le profane et les fêtes de mariage, c’est LE rock. En 1955 toujours donc, avec Graine de violence, le ciné traite de la délinquance juvénile en milieu scolaire de zones périurbaines et le rock sert de générique à cette histoire de “blousons noirs”, comme on disait à l’époque, qui inquiètent l’Amerique des fifties depuis deux ans et qu’ils ont été incarnés par l’icône Marlon Brando dans L’Equipée sauvage de László Benedek.
https://www.youtube.com/watch?v=ZgdufzXvjqw
John Travolta & Olivia Newton-John – You’re the One I Want (Grease de Randal Kleiser, 1978)
Blousons noirs et bandes de jeunes rivales : en 1978, Grease retourne en 1958 dans un West Side Story tout lissé, dégoulinant de gomina et de bons sentiments, où s’affrontent les T-Birds et les Scorpions. Grease revisite ainsi les fifties comme on entre au musée et il s’avère au final, dans cette histoire de loulous de pacotille, que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Rock demeure néanmoins la façon dont Travolta se meut et se trémousse sur le tube du film, You’re the One I Want.
https://www.youtube.com/watch?v=7oKPYe53h78
Jerry Lee Lewis – Great Balls of Fire (American Graffiti de George Lucas, 1973)
En 1973, c’est au tour de George Lucas de jeter un coup d’œil dans le rétro. Un rétro de voiture bien sûr car le film suit les quatre ados cruisant une nuit de 1962 durant en cabriolet blanc, au son de l’autoradio crachant les standards du moment boostés par Wolfman Jack, DJ mythique des sixties dans son propre rôle. Un instantané sur l’adolescence qui s’achève en douche glacée quand un dernier panneau nous informe que deux des protagonistes vont connaître un destin tragique.
https://www.youtube.com/watch?v=Jt0mg8Z09SY
The Beatles – Twist and Shout (La Folle journée de Ferris Bueller de John Hughes)
Iohn Hughes est un des plus fins observateur de l’adolescence eighties. Avec La Folle Journée de Ferris Bueller (dont l’amusant anagramme français est “Bulleur”), il choisit de rendre pop la révolte adolescente consistant à décider de sécher un jour de cours. Pour ce faire, Ferris Bueller casse les codes, abat le quatrième mur en s’adressant directement au spectateur et, tabou ultime, fracasse la Ferrari paternelle. Et quoi de plus logique pour ne pas se faire choper dans une telle entreprise que de monter sur le char de la parade de Chicago pour y interpréter Twist and Shout des Beatles ?
https://www.youtube.com/watch?v=lxQjwQbD6sg
Pink Floyd – Another Brick in The Wall (Pink Floyd The Wall d’Alan Parker, 1982)
Autre exercice scolaire, l’adaptation du concept-album un rien pompier-pompeux de Roger Waters. Alan Parker, qui a toujours su s’entourer musicalement (Giorgio Moroder pour Midnight Express et Fame, Peter Gabriel pour Birdy…), signe un film-clip avec Bob Geldolf (futur héraut du rock humanitaire) dans le rôle principal et, pour acmé, le fameux “Hey ! Teachers ! Leave the kids alone !” entendant démontrer que la violence en milieu scolaire vient, pour l’essentiel, des profs.
https://www.youtube.com/watch?v=YR5ApYxkU-U
Leonard Cohen – Everybody Knows (Pump up the Volume d’Allan Moyle, 1990)
Mark Hunter, ado effacé, s’improvise animateur radio sous l’alias “Harry la Trique” pour s’affirmer et délivrer des messages désabusés et cyniques sur le monde tel qu’il est. Restant toujours sous X, c’est-à-dire ne révélant jamais son identité, il devient le porte-voix de la révolte adolescente de son lycée. Preuve supplémentaire de bon goût, il choisit pour générique de son émission le Everybody Knows de Leonard Cohen (remplacé sur la BO officielle par la version de Concrete Blonde pour des raisons de droits).
https://www.youtube.com/watch?v=mEQldSi-heE
The Kinks – All Day And All of the Night (The Boat That Rocked de Richard Curtis, 2009)
Rébellion et ondes libertaires encore avec The Boat That Rocked qui raconte l’histoire de Radio Caroline, première radio pirate (fictive, certes), au sens propre, puisqu’elle émettait depuis un bateau ancré au large de la Grande-Bretagne. L’action se déroule en 1966, ce qui permet au film de dérouler la crème du rock de l’époque et du Swinging London : With a Girl Like You (The Troggs), I Can See for Miles (The Who), Friday in My Mind (The Easybeats), Nights in White Satin (The Moody Blues, pourtant enregistré en 1967) et le toujours aussi agressif All Day And All of the Night des dandys Kinks.
https://www.youtube.com/watch?v=fOGMRnKl5co
Them – Baby Please Don’t Go (Good Morning Vietnam de Barry Levinson, 1987)
Des distributeurs français un peu balourds ont “traduit” The Boat That Rocked Good Morning England en référence à ce Good Morning Vietnam. Alors que le premier narre une aventure collective, le deuxième est l’épopée individuelle d’Adrian Cronauer (estampilée “d’après une histoire vraie”), qui anime une émission radio pendant la guerre du Viet-Nam. Comme Harry la Trique, Cronauer (Robin Williams en roue libre) introduit le ver dans le fruit et une dose de sédition dans l’armée. Mais les disc-jockeys en guerre contre l’ordre établi ont décidément un problème avec la chronologie et l’année 1967. Outre le morceau fondateur de Them, Cronauer diffuse en effet le What a Wonderful World enregistré cette année-là par Louis Armstrong alors que l’action du film se déroule en 1965.
https://www.youtube.com/watch?v=aXtHt8BstCs
The Rolling Stones – (I Can’t Get No) Satisfaction (Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, 1969)
On aurait pu choisir la très rock Chevauchée des Walkyries de Wagner, mais il est une constante dans les Vietnam movies : les soldats ont toujours l’oreille collée à leur radio. C’est ainsi que de l’arrière du bateau qui doit mener le capitaine Willard (Martin Sheen) jusqu’au colonel Kurtz (Marlon Brando) s’échappe le riff inoubliable de Keith Richards qui apporte un (très) éphémère air de fête, avec ski nautique impromptu à la clé, dans ce film porté par une éternelle tension.
https://www.youtube.com/watch?v=nrIPxlFzDi0
Jefferson Airplane – White Rabbit (Platoon d’Oliver Stone, 1986)
Si Coppola adjoint à la bande son des seventies des scores originaux signés de son père Carmine ou La Chevauchée des Walkyrie, Olivier Stone respecte le cahier des charges du Vietnam movie avec un best-of comportant ironiquement le meilleur de la contre-culture en marche et, en l’espèce, du psychédélisme californien, dont White Rabbit, variation sous trip d’acide d’Alice au pays des merveilles, demeure l’un des plus beaux fleurons.
https://www.youtube.com/watch?v=WANNqr-vcx0
Franki Valli & The Four Seasons – Cant Take My Eyes off You (Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, 1978)
Dernières soirées avant le départ pour l’horreur. Alors que le Vietnam les attend, les ouvriers sidérurgistes de Michael Cimino s’offrent une partie de billard dans le bar où ils ont leurs habitudes et chantent ensemble cette scie de 1967 que revitalisera Boys Town Gang en 1982. Nettement moins rock, le film s’achèvera aussi en chanson quand les rescapés murmureront un God Bless America intense et poignant initié par Meryl Streep.
https://www.youtube.com/watch?v=LcJm1pOswfM
Hair Cast – The Flesh Failures/Let the Sunshine In (Hair de Milos Forman, 1979)
Des années hippies flamboyantes à la parenthèse désenchantée : le film de Milos Forman arrive onze ans après la création de la comédie musicale à Broadway et semble déjà un rien datée à l’époque. (ATTENTION SPOILER) Néanmoins, la scène finale qui couple une chanson débordant d’optimiste avec la mort au combat du charismatique héros, Claude Bukowski, noue la gorge et pique les yeux.
https://www.youtube.com/watch?v=0mH23CAV7jE
Orchestral Manœuvres in the Dark – Enola Gay (Valse avec Bachir d’Ari Folman, 2008)
Autre époque, autre guerre, autre musique : Ari Folman nous transporte en 1982 au Liban lors de l’opération Paix en Galilée, bel oxymore pour nommer une guerre au cours de laquelle l’armée israélienne a envahi le sud du pays du cèdre. Entre travail de mémoire contraint et épisodes traumatiques, le réalisateur nous convie à une triste fête de troufions tristes ou vomissant sur un titre de 1980 et venu d’une autre guerre puisque Enola Gay était le nom du bombardier américain qui irradia Hiroshima le 6 août 1945.
https://www.youtube.com/watch?v=d5XJ2GiR6Bo
Visage – Fade to Grey (Laurence Anyways de Xavier Dolan, 2012)
Tout comme son voisin américain Quentin Tarantino, Xavier Dolan concocte toujours de magnifiques compilations pour composer ses BO, réussissant même l’exploit de nous faire pleurer sur On ne change pas de Céline Dion dans Mommy. Dans un des plus beaux films jamais réalisé en matière de trouble dans le genre, Laurence Anyways, il fait d’une scène de bal un climax auquel le choix de Fade to Grey contribue amplement.
https://www.youtube.com/watch?v=UMPC8QJF6sI
The Knife – Pass This On (Les Amours imaginaires de Xavier Dolan, 2010)
Son talent de compilateur vaut à Xavier Dolan deux mentions sur cette playlist car le cinéaste canadien aime autant la musique que filmer des scènes de fête. Dans Les Amours imaginaires, il fait deux fois appel aux services de Karen Dreijer, d’abord en duo avec son frère Olof avec ce Pass This On, ensuite en solo sous son alias de Fever Ray avec Keep the Streets Empty for Me, ballade urbaine qu’il déplace subtilement dans les sous-bois où se retrouve le trio du film.
https://www.youtube.com/watch?v=6UeQLO43a2Y
Bronski Beat – Smalltown Boy (Arnaud Rebotini Remix) (120 battements par minute de Robin Campillo, 2017)
Les années 1980 ont souvent aimé danser sur la douleur et la mort : le cancer de Marcia Baila, le feu nucléaire d’Enola Gay lu supra ou la souffrance d’être rejeté car homosexuel avec ce Smalltown Boy. “Pushed around and kicked around, always a lonely boy” chante Jimmy Sommerville en 1984, ignorant à l’époque combien ce morceau deviendrait emblématique d’une lutte. Remixé par Arnaud Rebotini, sa présence résonne comme une évidence dans un film consacré aux militants d’Act-up contemporains de Bronski Beat.
https://www.youtube.com/watch?v=1FnZCJ9X820
Rita Mitsouko – Someone to Love (Kung-fu Master d’Agnès Varda, 1988)
Toute une époque qu’on retrouve cristallisé dans le Kung-Fu Master (nom d’un jeu vidéo alrs en vogue) d’Agnès Varda, vaste réunion de famille puisque Jane Birkin y joue avec ses deux filles, Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon, son frère Andrew et son père David ainsi qu’avec le fils d’Agnès Varda, Mathieu Demy. Pour les besoins d’une scène de ce qu’on n’appelle plus une boum depuis quelques années, elle choisit un des groupes phares du moment, les Rita Mitsouko.
https://www.youtube.com/watch?v=Vf75jjV4LUc
Lykke Li – I Follow Rivers (La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, 2013)
On passe d’une fête privée des eighties à une discothèque en plein air des années 2010 où Lykke Li fait danser le casting de La Vie d’Adèle, palmé d’or à Cannes. Abdellatif Kechiche réussir à saisir là toute l’insouciance, la joie de l’abandon et l’énergie de ces presqu’adultes qui s’apprêtent à quitter l’adolescence et le talent de l’auteure-compositeure-interprète suédoise fait le reste…
https://www.youtube.com/watch?v=Ww38Bz7mBGg
PF Project – Choose Life (Trainspotting de Danny Boyle, 1996) 20
Le très rock (Lust for Life d’Iggy Pop, Perfect Day de Lou Reed, ce genre…) et très contreversé Trainspotting a servi de révélateur à une scène anglaise electro émergente (Born Slippy d’Underworld, A Final Hit de Leftfield, cet autre genre) et, donc, ce Choose Life dans lequel PF Project intègre des extraits du mantra anticonsumériste de Mark “Rent-Boy” Renton (incarné par Ewan McGregor) qui ouvre le film.
https://www.youtube.com/watch?v=0q27InlH8I0
Radiohead – Life in a Glasshouse (Les Fils de l’homme d’Alfonso Cuarón, 2006)
Normal que les compositeurs de Exit Music (For a Film) et de Motion Picture Soundtrack (qui finira par être utilisée pour la BO de I Origins) aient attiré l’attention des cinéastes. Dans le postapocalyptique Les Fils de l’homme, le choix de Life in a Glasshouse sous influence orwellienne s’impose tant les paroles psalmodiées par Thom Yorke coïncident avec la situation de ces personnages vivant dans une dictature invisibilisée : “Don’t talk politics and don’t throw stones, your royal highness says…”
https://www.youtube.com/watch?v=N92g3TQ98oI
David Bowie – The Hearts Filthy Lesson (Se7en de David Fincher, 1995)
En 1995, David Bowie retrouve Brian Eno et son mojo : après quelques-uns de ses albums les plus oubliables (Tonight, les deux Tin Machine…), Outside plonge Ziggy le caméléon dans un bouillon industriel que confirmera deux ans plus tard Earthling. L’ensemble est parachevé grâce au Se7en de David Fincher qui lui offre un des génériques de fin les plus cultes de l’histoire avec sa fameuse dernière image subliminale qui fera la fortune de son distributeur DVD.
https://www.youtube.com/watch?v=9nNF9aQ_BhE
Massive Attack et David Bowie – Nature Boy (Moulin Rouge de Baz Luhrmann, 2001)
Pour son évocation barococo du célèbre établissement du boulevard de Clichy, Baz Luhrmann convoque un nombre impressionnant de contributeurs musicaux, dont Fatboy Slim ou Bono aux côtés du couple Ewan McGregor (cf. Trainspotting plus haut) et Nicole Kidman. Mais au sommet du chapiteau, on trouve la reprise d’un des standards les plus repris du jazz, Nature Boy par une inédite association de bienfaiteurs : Massive Attack et David Bowie.
https://www.youtube.com/watch?v=k1lxHj8hVUQ
David Bowie – Modern Love (Mauvais sang de Leos Carax, 1986)
Une des plus belles scènes de Leos Carax et, donc, une des plus belles scènes du cinéma lorsque Denis Lavant se lance dans une chorégraphie entre Valentin le Désossé (recoucou le Moulin rouge) et le mime Marceau puis dans une course éperdue et désarticulée qui n’en a que plus de prix dans la mesure où elle s’exaspère au rythme du morceau d’ouverture de l’album Let’s Dance, Modern Love. Littéralement, une séquence à couper le souffle.
https://www.youtube.com/watch?v=rJCBYUKMvMQ
Seu Jorge – Ziggy Stardust (La Vie aquatique de Wes Anderson, 2003)
Ce film de la transmission baigné de mélancolie loufoque se déroule sur le Belafonte de l’océanographe Steve Zissou et de son équipage à bonnet rouge (Harry Belafonte étant un spécialiste de la calypso comme le nom du bateau de Jacques-Yves Cousteau – CQFD). De la calypso à la bossa, il n’y a qu’un pas et c’est l’expert en sécurité Pelé dos Santos (Seu Jorge) qui se charge de l’ambiance musicale en jouant à la brésilienne quelques standards de l’homme qui a vendu le monde.
https://www.youtube.com/watch?v=9KWVtcAxKYA
Jimmy Cliff – The Harder They Come (The Harder They Come de Perry Henzell, 1972)
Restons en Jamaïque, d’où était originaire la mère d’Harry Belafonte et où la calypso se verra progressivement effacée par le reggae, avec cette histoire d’aspirant chanteur (on y voit Jimmy Cliff y enregistrer le morceau-titre en une prise) qui, refusant de vendre à bas prix son travail devient hors-la-loi puis héros populaire lorsque The Harder They Come est diffusé à la radio pendant sa cavale, ponctuée d’une bande son impeccable.
https://www.youtube.com/watch?v=7Znh0OM9jiA
Bob Marley – Natural Mystic (Countryman de Dickie Jobson, 1982)
Autre reggae movie culte (il accueille Lee Scratch Perry, Toots & The Maytals, Steel Pulse sur sa BO), Countryman raconte comment un pêcheur jamaïcain (le Countryman du titre) aide deux Américains rescapés d’un crash aérien à s’adapter à la jungle. Un survival politique et empreint de mysticisme que résume au mieux le titre de Bob Marley : Natural Mystic proposé, à cette occasion, dans une version inédite et bucolique.
https://www.youtube.com/watch?v=oJ0bl5T0jMI
Bob Marley – Burnin’ and Lootin’ (La Haine de Mathieu Kassovitz, 1995)
Reprenant la trame de Do the Right Thing (lire deux titres plus bas), La Haine raconte une journée en banlieue presque ordinaire qui va s’achever en émeute urbaine. Si l’on s’en souvient parce que s’y trouve rassemblé le meilleur du rap français, c’est une fois encore Bob Marley (“en brûlant et en pillant” en vf) qui berce la scène d’ouverture montrant les affrontements violents entre la police et les jeunes : “L’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.”
https://www.youtube.com/watch?v=za01QWLXisQ
Eminem – Lose Yourself (8 Miles de Curtis Hanson, 2002)
Pour l’essentiel, Lose Yourself reprend la trame de 8 Mile, l’autobiopic qui romance la vie d’Eminem, alors au faîte de la gloire, dont il est narré les débuts plus que difficiles dans le rap game. Avec le temps, ce rap offensif aux guitares entêtantes et au flow maîtrisé est devenu un des hymnes de Detroit, où a grandi le héros du film et, donc, Eminem himself, une ville pourtant déjà riche en brûlots musicaux (MC5, The Stooges, voire le pan politique de Tamla Motown).
https://www.youtube.com/watch?v=_Yhyp-_hX2s
Public Enemy – Fight the Power (Do the Right Thing de Spike Lee, 1989)
C’est le dog day à Brooklyn et les esprits s’échauffent entre communautés avant l’explosion de violence émeutière. Ramassé sur 24 heures, Do the Right signe la naissance d’un grand cinéaste, Spike Lee, qui permet à Public Enemy de signer, pour les besoins du film, un de ses morceaux les plus puissants, à jamais gravé dans l’histoire.
https://www.youtube.com/watch?v=8PaoLy7PHwk
Three Six Mafia – It’s Hard out Here for a Pimp (Hustle & Flow de Craig Brewer, 2005)
A l’origine groupe underground venu de Memphis (Tennessee), Da Mafia 6ix (son petit nom) a progressé tout au long de sa carrière vers le mainstream. Hard out Here for a Pimp n’est pas, de loin, leur meilleur morceau mais le couronnement de leur trajectoire puisqu’il s’agit du seul gangsta rap à avoir remporté l’oscar de la meilleure chanson originale en 2006.
https://www.youtube.com/watch?v=0ARG9BXUZSc
Ice Cube – How to Survive in South Central (Boyz n the Hood de John Singleton, 1991)
“Comment survivre à South Central” : toute l’histoire de ce film choc, porté par le think positive de son héros qui n’aspire qu’à faire des études en voyant tomber un à un ses amis sous les balles. Racisme, pauvreté, trafic de drogue et armes à feu alimentent ce film sombre et pourtant porteur d’espoir. Un an après la sortie de Boyz n the Hood, South Central s’embrase après l’acquittement des policiers qui ont agressé Rodney King.
https://www.youtube.com/watch?v=P12y6EE5BXw
Boogie Down Productions – P Is Still Free (Menace II Society d’Albert et Allen Hughes, 1993)
Un an après les émeutes, deux ans après Boyz n the Hood sort Menace II Society, violente chronique d’une guerre des gangs de l’après Rodney King dans le quartier angeleno de Watts. Contrairement à Boyz n the Hood, aucune lueur d’espoir ne pointe à l’horizon de ce film désespéré et noir, soutenu par des tracks gansta comme ce P Is Still Free.de Boogie Down Productions qui avait violenté le Hey Jude des Beatles six ans auparavant sur Criminal Minded.
https://www.youtube.com/watch?v=-Kzd1V7-TIk
Isaac Hayes – Shaft (Shaft de Gordon Parks Jr., 1971)
“Who’s the black private dick/That’s a sex machine to all the chicks?” Réponse immédiatement ci-dessus puisque “the black private dick”, c’est le Shaft du titre, détective badass et solitaire aux méthodes très particulières. Film phare de la Blaxploitation et, donc, portant sur des questions raciales, Shaft bénéficie d’une partition remarquable signé du tout aussi badass maître des allusions sexuelles Isaac Hayes.
https://www.youtube.com/watch?v=nFvRvSxsW-I
Curtis Mayfield – Superfly (Superfly de Gordon Parks Jr., 1972)
La Blaxploitation mériterait sa playlist à elle toute seule comme le démontre cet autre générique d’un film réalisé par Gordon Parks Jr. Et où, après Isaac Hayes, il s’attache les services d’un autre génie de la soul en pleine mutation funk, Curtis Mayfield. Superfly raconte le dernier gros coup d’un dealer de Harlem et l’ancien chanteur de The Impressions réussit haut la main le sien.
https://www.youtube.com/watch?v=-cmo6MRYf5g
Aretha Franklin – Think (The Blues Brothers de John Landis, 1990)
Dans le casting multi-étoilé des Blues Brothers (John Lee Hooker, James Brown, Ray Charles), Aretha Franlin se trouve au firmament dans un rôle de mégère tenancière d’un diner, entendant empêcher son mari de reprendre la musique avec les frères Blues “en mission pour le Seigneur”. Et en profite pour redynamiter son Think et s’offrir une nouvelle carrière alors que débutent à peine les années 1980.
Jefferson Airplane – Somebody to Love (A Serious Man de Joel & Ethan Coen, 2009)
Comment être étudiant à l’école hébraïque et enquiller les pétards au son de Jefferson Airplane ? Tout simplement en étant un des protagonistes des frères Coen qui poussent la folie jusqu’à confier à un rabbin révéré l’exégèse de Somebody to Love passé à la moulinette de la Torah. Les membres du groupe californien ont ainsi dû être les premiers surpris de la signification de leurs paroles.
https://www.youtube.com/watch?v=JUbMWtUyIIE
Simon & Garfunkel – Mrs. Robinson (Le Lauréat de Mike Nichols, 1967)
Ponctuée d’un “coo-coo-ca-choo” frénétique, évident hommage au I Am the Walrus des Beatles, la chanson culte du Lauréat, logiquement oscarisée l’année suivante, traduit à ravir les pulsions cougar d’Anne Bancroft à l’endroit de Dustin Hoffman, merveilleux de naïveté. Quoi de mieux qu’un folk au tempo relevé, un entrelacement savant de guitares et les voix célestes de Paul Simon et Art Garfunkel ? Sophie Rosemont
https://www.youtube.com/watch?v=9C1BCAgu2I8
Bob Dylan – Knocking on Heanven’s Door (Pat Garrett et le Billy the Kid de Sam Peckinpah, 1973)
Le jour tombe, le shérif agonise, sa femme se lamente et Dylan, sur une trame en trois accords funèbres, évoque avec une justesse inouïe le passage de vie à trépas. Rien que pour cette scène et cette chanson, Pat Garrett et Billy le Kid de Sam Peckinpah méritait sa place au panthéon du western, genre pourtant déjà riche en fins tragiques et poignantes. Gilles Dupuy
https://www.youtube.com/watch?v=rnKbImRPhTE
The Rolling Stones – Sympathy for the Devil (One+One de Jean-Luc Godard, 1969)
En plus d’avoir cofondé la Nouvelle Vague à son corps défendant et d’être considéré comme un des plus grands cinéastes suisses, Jean-Luc Godard peut se targuer d’avoir de la chance (et nous avec) puisqu’il filme en 1968 la naissance d’une des meilleurs chansons des Stones, Sympathy for the Devil et, défoncée dans un coin du studio et de l’écran, la déchéance de Brian Jones.
https://www.youtube.com/watch?v=c03d0NAK3vk
The Rolling Stones – Gimme Shelter (Les Affranchis 1990, Casino 1995, Les Infiltrés 2006)
La permanence de Gimme Shelter et des Rolling Stones en général dans l’œuvre de Martin Scorsese a permis à Mick Jagger de faire une de ses meilleures blagues en n’incluant pas le morceau dans la set-list de Shine a Light, concert des Vieilles Pierres filmé par l’Italo-Américain, rien que pour le plaisir de pouvoir déclarer ensuite que Shine a Light est le seul film de Scorsese où l’on n’entend pas Gimme Shelter.
https://www.youtube.com/watch?v=RbmS3tQJ7Os
The Yardbirds – Stroll On (Blow Up de Michelangelo Antonioni, 1966)
Blow Up est sans nul doute un des films les plus pop du monde, encapsulant la plus pop des périodes de l’histoire, le Swinging London. Mais Antonioni y intègre un pur moment de rock’n’’roll, un concert des Yardbirds (période Jeff Beck/Jimmy Page) où la guitare fracassée par un des musiciens est récupérée par un fan qui n’a de meilleure idée que de la foutre à la poubelle juste après. Rock’n’roll, on vous dit…
https://www.youtube.com/watch?v=9_mBYbJsUBQ
Steppenwolf – Born to Be Wild (Easy Rider de Dennis Hopper, 1969)
Un an avant Easy Rider sort Born to Be Wild de Steppenwolf (Le Loup des steppes de Herman Hesse en vo). C’est la première apparition du “heavy metal” dans un morceau musical même si cet “heavy metal thunder racin’ with the wind” évoque le vrombissement des moteurs plus que celui des guitares (et c’est d’ailleurs seulement à partir de la bande-son d’Easy Rider qu’apparaît le bruit des motos en surchauffe dans l’intro).
https://www.youtube.com/watch?v=egMWlD3fLJ8&t=21s
Cat Stevens – Wild World (Harold et Maude d’Hal Hasby, 1972)
Avant de devenir l’horrible Yussuf Islam soutenant la fatwa lancée contre Salman Rushdie, Cat Stevens était un auteur-compositeur subtil et délicat dont un best-of raisonné sert de support idéal pour le tout aussi subtil et délicat Harold et Maude, fable humaniste et euphorisante, expérience unique et culottée de comédie du suicide unissant un jeune homme mélancolique et une vieille dame indigne.
https://www.youtube.com/watch?v=y8pvXLVu8Yk
Dick Dale & The Del-Tones – Misirlou (Pulp Fiction de Quentin Tarantino, 1994)
En 1994, Tarantino braque la Croisette et impressionne Clint Eastwood, président du jury qui en avait pourtant déjà vu d’autres. L’ouverture est magistrale et s’appuie sur une vieille scie orientale revisitée en version surf-rock par Dick Dale & The Del-Tones. L’occasion aussi, avant d’évoquer Reservoir Dogs, de jeter une oreille sur la relecture réorientalisée et electro quand donnera le regretté Rachid Taha, bien épaulé par le fidèle Steve Hillage sur Jungle Fiction.
https://www.youtube.com/watch?v=ZIU0RMV_II8
Stealers Wheel – Stuck in the Middle with You (Reservoir Dogs de Quentin Tarantino, 1992)
Deux ans avant Pulp Fiction, Reservoir Dogs secouait déjà le Festival de Cannes avec en point d’orgue une scène de torture que Serge Kaganski aime plaisamment appeller “la scène Van Gogh”, sans doute une des plus pénibles du cinéma de Tarantino et que ponctue une autre vieille scie des seventies avec une efficacité redoutable. Toute l’œuvre de l’Américain était ici posée dès son premier film.
https://www.youtube.com/watch?v=DohRa9lsx0Q
Heart – Magic Man (The Virgin Suicides de Sofia Coppola, 1999)
Dominé par la magistrale musique originale de Air, et son Playground Love interprété par le chanteur de Phoenix, Thomas Mars, pour l’occasion rebaptisé Gordon Tracks et par ailleurs compagnon de Sofia Coppola, The Virgin Suicides comporte quelques pépites pop-rock comme ce Magic Man pour une séquence qui cristallise toute la sève adolescente autour du corps en mouvement de Josh Hartnett.
https://www.youtube.com/watch?v=3vlAdMeZSfw
Tom Waits – Jockey Full of Bourbon (Down by Law de Jim Jarmusch, 1986)
Impossible d’énumérer en une courte notule toutes les contributions rock qu’on doit à Jim Jarmusch (sans même évoquer ses accointances avec le rap, le jazz et même l’éthiojazz). Mieux vaut revoir une des plus belles scènes d’ouverture des années 1980, un long travelling en noir et blanc le long des bayous de la Louisiane que sublime un des trois interprètes de Down by Law (flanqué de John Lurie et Roberto Begnigni) et qui deviendra un fidèle du cinéaste, Tom Waits.
https://www.youtube.com/watch?v=IgMP9O-cIV8
Marianne Faithful – The Ballad of Lucy Jordan (Thelma & Louise de Ridley Scott, 1991)
Cette plongée de deux femmes en prise à la domination masculine et au machisme le plus gras dans l’Amérique profonde nous vaut une poignée de morceaux country symbolisant la terre des rednecks mais aussi une parenthèse enchanteresse, cette Ballad of Lucy Jordan qui aident les deux femmes enfin libres à traverser la nuit, à qui rien ne s’oppose, en se relayant au volant d’une Ford Thunderbird.
https://www.youtube.com/watch?v=d0NxhFn0szc
Chris Isaak – Wicked Game (Sailor & Lula de David Lynch, 1990)
Que d’images ont généré ce Wicked Game de Chris Isaak (par ailleurs acteur régulier de Lynch) d’une pub pour les produits laitiers en France au clip inoubliable qu’illumine le charisme d’Helena Christensen. Cerise sur la Palme d’or 1990, on retrouve la ballade toxique du chanteur lippu à son meilleur dans ce qui est le film le plus rock de David Lynch, Sailor & Lula.
https://www.youtube.com/watch?v=dlJew-Dw87I
Joan Jett & The Blackhearts – I Love Rock’n Roll (The Runaways de Floria Sigismondi, 2010)
Quel meilleur morceau choisir pour clore cette playlist célébrant les noces du rock et du cinéma que ce I Love Rock’n’roll entendu dans The Runaways, biopic du groupe éponyme dont l’une des chanteuses, devenue Joan Jett, cartonnera avec cet hymne à la musique électrique qui depuis sa création nous fait headbanger ad libitum entre deux et trois heures du matin dans toute fête bien organisée.
https://www.youtube.com/watch?v=iC8oP4Z_xPw
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