Ancienne chanteuse jazz, la Suédoise Fredrika Stahl signe un splendide recueil de pop mélancolique. Critique et écoute.
Longtemps, la Suédoise Fredrika Stahl a officié dans les cercles jazz. Les deux premiers disques de sa carrière – qui en déroule désormais quatre – la positionnaient non loin de Norah Jones ou Diana Krall. Entamant sa métamorphose sur le précédent Sweep Me away, la jeune femme, 28 ans et parisienne depuis sa majorité, parachève sa renaissance pop avec Off to Dance. Soit un quatrième album de ballades mélancoliques, qui lui offre aujourd’hui Emilíana Torrini ou Regina Spektor comme nouvelles cousines spirituelles. Et qui, pour la musicienne, marque une nouvelle façon de travailler : plus libre et spontanée, moins sévère.
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“J’ai appris à lâcher prise sur ce disque, à être moins dans le contrôle. Longtemps, j’avais été entourée de musiciens de jazz, beaucoup plus âgés que moi, très à cheval sur la technique. Pour paraître crédible à leurs yeux, j’avais beaucoup travaillé ma technique. Cette fois, c’était le contraire, il fallait apprendre à laisser place aux imperfections, à faire les choses en pensant moins, en oubliant un peu la rigueur.” Cette renaissance, Fredrika la doit aussi au réalisateur du disque Rob Ellis, producteur affichant un beau CV en matière de collaborations avec la gent féminine – Marianne Faithfull, Anna Calvi, PJ Harvey… Sur ses conseils, la jeune Suédoise est partie enregistrer son album dans un studio niché au fond du pays de Galles. C’était l’hiver, il pleuvait fort.
À l’intérieur du studio, la musicienne était heureusement bien entourée : Off to Dance réunit Tom Havelock de Cold Specks, Ben Christophers de Bat For Lashes et Adrian Utley de Portishead. Un casting inédit et surtout très pop, qui prolonge la reconversion de Fredrika, elle qui participait l’an passé au projet Pop’pea, revisitant alors Le Couronnement de Poppée de Monteverdi dans une version pop aux côtés de Benjamin Biolay ou Carl Barât. “Travailler sur d’autres projets permet de mieux se connaître, de mieux se situer. Cette fois, je savais que je voulais faire un album moins bien élevé. Je ne renie pas ce que j’ai pu composer auparavant, mais je voulais quelque chose de moins lisse, de moins poli.”
Off to Dance s’ouvre sur Willow, une délicieuse fable inspirée d’une légende autour des saules pleureurs. “En Scandinavie, on aime beaucoup les histoires liées à la nature. J’avais lu l’histoire de cet arbre sous lequel une fille avait pris l’habitude de donner rendez-vous à son amoureux. Un jour, il a cessé de venir. La fille a tant pleuré que l’arbre a absorbé son chagrin et est devenu un saule pleureur.”
Pleureuse, Fredrika ne l’est jamais, malgré une sensibilité certaine. Si Off to Dance brille par sa mélancolie, son auteur a su rester légère, presque aérienne, parvenant à émouvoir en évitant le pathos. Ainsi sur Little Muse ou Trip Me up, elle fait des petites merveilles de pop qui valse, agençant des chansons qui pétillent comme celles de Kate Bush. Qui pourrait être sa marraine officielle.
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