Après avoir passé les dernières semaines la tête dans le rétro avec les divers tops de fin d’année, jetons désormais un œil sur les trente artistes qui perceront lors des douze mois à venir.
TNGHT
Doublette barjo étirée entre Montréal et Glasgow, TNGHT économise les voyelles mais agglutine les beats martiaux pour une allitération sonique qui rappelle Major Lazer. Lunice et Hudson Mohawke composent à quatre mains la musique d’un futur sombre où le hip-hop règne par la force. Un premier EP aliénant est venu réchauffer l’été d’une bonne dizaine de degrés. On attend l’album pour embraser définitivement ce qui nous reste de conscience.
www.facebook.com/tnghtmusic/
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Mikhael Paskalev
On a découvert ce Norvégien d’origine bulgare avec Jive Babe, concentré de cinq minutes de rock old school où le bonhomme, gueule d’ange et sourire d’acteur américain, se permettait des “wouhou” aussi putassiers qu’efficaces. On le retrouvera l’an prochain avec un album qu’on attend déjà comme le Prozac de l’année. En slip ou en transe, Mikhael Paskalev a le swing dans le sang. Attention, il est contagieux.
www.facebook.com/PaskalevMikhael
Only Real
Toutes les maisons de disques coursent depuis des mois ce jeune Londonien à tête de bébé encanaillé, mais Only Real s’en fiche royalement, ne répond pas au téléphone (il est parti au skatepark) et fait des fusées avec les contrats. Il décrit ses chansons tordues comme “de la musique à guitares pour ceux qui n’aiment pas les guitares” et il ment : c’est au contraire un prodigieux condensé de pop et de beats urbains pareillement enchantés qu’offrent ses trésors nonchalants, qui feront de 2013 une année plus légère et plus belle.
www.facebook.com/onlyrealreal/
Petite Noir
Le parcours de ce garçon est sinueux : né à Bruxelles de parents congolais et angolais, il a grandi et vit en Afrique du Sud. Celui de sa musique l’est plus encore : elle télescope l’anxiété, la tension, la raideur du postpunk anglais et la transe, la liberté de la musique sud-africaine. The Guardian parlait de “Joy Division chez Paul Simon”, et la rime était assez bien vue : on parie toute notre collection Factory que sa “noir wave” sera sur toutes les lèvres en 2013.
www.facebook.com/petitenoir1/
Savages
La dégaine de ces filles de Londres et de l’ombre va comme un gant à leur musique, un rock sauvageon qui est en train de repeindre en noir métallisé la nuit londonienne. Il y a une vraie jouissance chez ces filles-là à maltraiter leurs instruments, qui rasent les murs du son en chiens battus, soumis à ces chansons fulgurantes qui ne s’expriment qu’en spasmes et feulements. Le noir sera de rigueur en 2013.
savagesband.com/
Rascals
Une mixtape bouillante sortie à l’automne, un album prévu pour 2013 : les Rascals – à ne pas confondre avec l’ex-groupe de Miles Kane – font du hip-hop qui tache et qui tabasse. S’ils ont commencé à rapper alors que leurs potes jouaient encore aux billes, les quatre membres de ce crew de Londoniens culottés sont en passe de réveiller le hip-hop anglais avec leur flow flexible et fluide. Gaffe.
www.rascalsofficial.com/
Deptford Goth
Le nom est traître : Deptford Goth n’est ni gothique ni du quartier londonien de Deptford. Mais sa musique, sombre comme une nuée de corbeaux, vient bien de Londres, de ce fouillis fumant poussé sur les cendres du dubstep. Lancinante, mélancolique et délicate, elle fait passer James Blake pour du thrash metal. Un genre de gospel pâle idéal pour accompagner les aubes pas glop pas glop, dont la majesté et l’ampleur se mesureront sur un premier album.
deptfordgoth.com/
Paul Thomas Saunders
Timbre crépusculaire qu’on peine à croire sorti de la bouche d’un jeune homme d’à peine 20 ans, arrangements immenses qu’on imagine brillamment bricolés dans une chambre d’ado avec deux bouts de ficelle : les titres crève-coeur de Paul Thomas Saunders bouleversent comme du Leonard Cohen et planent comme du Grandaddy.
paulthomassaunders.com/
AlunaGeorge
Dans sa chambrette londonienne, coincé derrière ses machines, George Reid attendait sans trop y croire la voix qui donnerait chair et sang à ses expérimentations. Et un jour déboule dans son univers fermé la belle et torride Aluna Francis : il est censé produire son groupe, il la kidnappe. Depuis, ensemble, ils créent la musique la plus languide et sexy du moment : l’apparence d’une banquise, mais la température d’un volcan.
www.facebook.com/alunageorge/
Thomas Azier
Il a 24 ans et est multiinstrumentiste. Il est basé à Berlin et joue une electro sombre et flamboyante qui vient chercher des poux dans la barbe de Woodkid. Il y a quelques semaines, Thomas Hazier publiait Hylas 002, un deuxième EP introspectif, réalisé en coproduction avec le sound designer Robin Hunt. Son premier album, annoncé pour l’été, sera l’un des chapitres electro les plus attendus de 2013.
thomasazier.com/
Carnivals
À une lettre près, ce jeune Britannique porte le même nom que la regrettée et étrange série d’HBO Carnivàle. Étrange, sa musique l’est tout autant : bercée dans les bras froids de l’industrielle Sheffield, c’est pourtant très loin de l’Angleterre qu’elle a pris sa forme actuelle, lorsque Stewart Green a déserté la fac pour un long voyage initiatique en Inde où est née sa house minimale, atmosphérique à la beauté pure. Ne cherchez plus : la drogue légale de 2013 s’appelle Carnivals.
carnivals.bandcamp.com/
Mesparrow
Sur un album à venir franchement bluffant, la Miss Moineau (sparrow) se révèle nettement plus colorée que la Môme Piaf. On avait connu la Tourangelle sous l’emprise relâchée de filles azimutées (CocoRosie, Shannon Wright, PJ Harvey…), mais c’est une femme affranchie et cavaleuse que révèle Keep This Moment Alive : une femme orchestre aux idées claires et fermes, dont la voix multiple, qui pratique la griffure ou la caresse avec la même virtuosité, autorise tous les départs, tous les chambards.
www.facebook.com/mesparrow/
Merchandise
Le nom peut paraître cynique, réduisant l’art à son seul commerce : sauf qu’ici point d’industrie (pour combien de temps encore ?) derrière ce groupe de Floride qui offre sa musique gratuitement. Malgré un fatras de références, Merchandise n’est pas l’un de ces groupes antiquaires s’étouffant avec une langue morte : il n’a peut-être même jamais entendu les Smiths ou The Jesus & Mary Chain, mais part comme eux de ce point de non-retour où la musique s’impose comme seule alternative à l’isolement, la frustration, la nullité. Tête d’affiche du Festival des Inrocks 2013 ?
merchandisetheband.wordpress.com/
Haim
Ça pourrait être des Virgin Suicides, mais elles sont trois, brunes et pleines de vie. De parents musiciens, les Californiennes de Haim ont été biberonnées à Fleetwood Mac et aux Rolling Stones, avant de rejoindre le groupe familial. L’adolescence se charge alors de provoquer chez les jeunes filles le traditionnel réflexe de rébellion : reniant son héritage rock, le trio se tourne vers le R&B et la pop FM. Résultat, Haim déballe des pop songs sensuelles et délicieusement eighties – comme si Destiny’s Child avait croisé la route de Cyndi Lauper.
haimtheband.com/
Arthur Beatrice
Sûr, ils nous ont plantés en dernière minute au Festival Les Inrocks Volkswagen. Mais c’était pour la bonne cause : finir leur premier album. Et quand on connaît la maniaquerie et les équilibres fragiles de cette pop music, on se dit qu’un mois de plus de studio, c’est finalement peu pour le groupe anglais le plus complexe et touffu depuis The xx. C’est à cette hauteur de tension et de volupté que l’on attend en 2013 Arthur Beatrice et ses canevas savants de guitares tristes et de beats accidentés.
online-presence.info/
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