Novembre 2013. Thomas Mars aphone, la tournée française de Phoenix est perturbée par deux annulations de concerts. On en profite pour rencontrer le guitariste Christian Mazzalai à Paris et retracer avec lui l’année du plus grand groupe versaillais du monde. Interview intégrale.
On s’approche de la fin de l’année 2013. Tu te souviens de ce que tu faisais début janvier ? L’album était déjà prêt ?
Christian Mazzalai – Notre deadline pour finir l’album était le 1er janvier il me semble. Donc j’imagine que c’était le soulagement car on avait enfin terminé deux années de travail sur Bankrupt!. On n’avait jamais autant travaillé sur un album. A chaque fois on bosse beaucoup mais là c’était intensif ! On n’a pas eu le temps de souffler car on avait accepté des offres de concerts avant même d’avoir terminé l’album. On a par exemple dit oui à Coachella pour nous mettre la pression, pour nous obliger à finir l’album. On fait souvent ça car on est tellement perfectionnistes que l’enregistrement peut durer jusqu’à l’infini.
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Bankrupt! est finalement sorti au mois d’avril, juste avant Coachella. Du coup votre concert là-bas avait des airs de release party géante…
C’était un peu ça. Personnellement, j’étais assez angoissé avant cette date car on n’est jamais vraiment prêt pour les premiers concerts. Et là ça tombait sur Coachella, l’un des plus gros festivals du monde avec beaucoup de retombées médiatiques. On avait énormément de pression mais on l’avait voulu. On n’a pas beaucoup dormi de janvier à avril pour être au point.
Tu as une chanson favorite sur l’album ?
J’aime bien Chloroform, surtout la fin du morceau.
Le clip est réalisé par Sofia Coppola. C’est finalement la première fois que vous travaillez avec elle de cette manière.
On avait déjà bossé avec elle sur des musiques de film et on avait osé une petite apparition dans Marie Antoinette mais c’est vrai que c’est la première fois qu’elle réalise un clip pour nous. Elle avait l’idée et l’envie depuis longtemps et cette chanson se prêtait bien à l’ambiance du clip qu’elle voulait réaliser.
On parlait de Coachella. La grosse surprise c’était la présence de R. Kelly à vos côtés sur 1901. Vous aviez répété ensemble avant ?
Non. On l’a rencontré pour la première fois le soir du concert quand il est monté sur scène pour nous rejoindre ! On l’avait eu par téléphone et on s’était envoyé plein de mails pendant des jours pour parler de ce featuring un peu spécial. On voulait quand même le voir pour répéter la veille du concert mais R. Kelly habite à Chicago et il ne prend pas l’avion. Pour rejoindre Coachella, il lui a fallu trois jours de route dans son tour bus ! Tout s’est fait à la dernière seconde, c’était vraiment excitant. Quand on a commencé notre concert, il était encore dans les bouchons. Sur scène, on pensait que c’était mort, qu’il ne pourrait jamais arriver à temps. On a attendu longtemps avant de commencer à jouer et quand on a finalement entendu sa voix on était presque aussi surpris que le public.
Il y a d’autres rencontres qui ont eu une importance particulière pour vous cette année ?
On a réalisé pas mal de fantasmes en fait. A Primavera on a joué avec Jay Mascis, le guitariste de Dinosaur Jr. Musicalement il est très loin de nous mais il est tellement important dans l’histoire de la musique ! Dinosaur Jr peut passer pour un groupe qui tabasse mais il y a une mélancolie derrière le bruit. Ce sont de supers « song-writers ». On a toujours adoré ce groupe.
Du côté des idoles on a aussi eu la chance de rencontrer My Blood Valentine. Mais il y a aussi des groupes plus jeunes avec lesquels on a aimé passer du temps comme les Vaccines ou Mac Demarco ! On a fait une tournée de trois semaines avec lui, il faisait notre première partie et je suis allé voir chacun des concerts dans le public. Je suis fan de lui et de son groupe. En France il y a eu Fauve. On les a vus sur scène aux Eurocks. A Rock En Seine ils jouaient en même temps que nous mais on les a invités pour boire des coups après. Il y a quelque chose qui dépasse la musique chez eux. Ils sont jeunes mais ils savent déjà ce qu’ils veulent. Nous, on a grandi en autarcie à Versailles en jouant dans une cave… A l’époque on n’aurait jamais pensé jouer devant des gens. Au lycée tous les autres groupes faisaient des concerts. Nous on composait des chansons sans oser le dire.
Donc il y avait des groupes beaucoup plus populaires que vous au lycée ?
Ah ouais c’était incomparable ! Personne ne savait que l’on avait un groupe. C’était notre secret.
Entre la cave de l’époque lycée et le Madison Square Garden quel a été l’élément déclencheur ?
Notre succès a toujours été quelque chose d’assez mystérieux. On n’a pas forcément envie de l’expliquer d’ailleurs. Avant de faire de grosses scènes aux Etats-Unis on a fait plein de petits bars. Je pense que le bouche à oreille a beaucoup joué. Au moment de la sortie de United, notre premier album, on avait juste quelques fans dans quelques villes. Ca a grossi lentement mais sûrement grâce à ce premier socle de fans. Après, il y a un côté miraculeux et inexplicable dans l’ampleur du truc.
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