Ils pensaient être un groupe bizarroïde mais le public a suivi et ils ont fait le tour du monde ou presque. Le récit de François, chanteur.
2011 fut bien remplie, pleine de rencontres. Nous avons commencé à faire de la musique de façon professionnelle – on jouait sans structure depuis des années. Nous avons signé un contrat avec Domino. Laurence Bell, le directeur du label, avait récupéré notre premier album Plaine inondable via Fence Records qui l’avait sorti en Angleterre. Il cherchait à nous joindre et a appelé chez mes parents pour savoir où j’étais. C’est un vrai passionné de musique, il va voir tous les concerts. J’avais besoin de ça. Je suis fan de Domino pour ses artistes moins populaires comme Movietone, Four Tet ou Crescent. Je préfère ça aux Arctic Monkeys.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
On a rencontré beaucoup de journalistes, de programmateurs. On s’est produit dans des tas de festivals, Les Inrocks, Bourges… J’étais très étonné du succès de l’album car je pensais qu’on était un groupe bizarroïde. Je ne m’attendais pas à un accueil aussi chaleureux. J’étais heureux de constater l’ouverture d’esprit du public, heureux de lire des articles où les journalistes mettaient en avant le côté humain du groupe, les collaborations, le collectif.
On gardera beaucoup de bons souvenirs de 2011, notamment notre tournée en Colombie et un concert formidable en Ecosse en clôture du festival Fence. On y a repris Purple Rain de Prince. On ne savait pas du tout ce qu’on faisait et c’était génial. Je me souviens aussi qu’au mois d’octobre j’ai fait du surf vers l’île d’Oléron, dans la brume. J’étais au large, perdu, on n’y voyait pas grand-chose. C’était impressionnant. Sinon, je suis allé jouer du sabar, un instrument de percussion africain, dans une banlieue de Dakar. Un bon souvenir.
Nous avons eu aussi des moments difficiles : les heures de route pendant les tournées, un atterrissage corsé à Bucaramanga en Colombie, un concert difficile à l’EMB-Sannois, un autre, très dur, à Londres. Je venais d’apprendre qu’une amie était gravement malade. Je ne voulais pas monter sur scène, je ne voulais pas être là. Mais il fallait jouer.
En 2011, j’ai beaucoup écouté les albums de SBTRKT et The Weeknd. J’ai aussi adoré les rééditions, chez Awesome Tapes from Africa, d’une chanteuse malienne, Nâ Hawa Doumbia. On a fait énormément de concerts mais j’ai aussi eu l’occasion d’en voir. Celui qui m’a le plus marqué, c’est Zombie Zombie, dans un petit festival en Ardèche, le festival Paradox.
Je n’ai pas pu suivre l’actualité autant que je l’aurais voulu. Je crois que c’est l’image de Fukushima qui restera dans ma mémoire. C’était en mars et j’ai l’impression que cela remonte à deux ans déjà.
2012 s’annonce excitante. On a hâte de pouvoir jouer avec un batteur sur scène. On espère aussi que l’organisation sera assez stable pour qu’on puisse dégager du temps pour faire autre chose. J’aimerais peindre un peu plus, continuer à faire des concerts et à m’amuser avec mes amis comme on le fait depuis des années.
Recueilli par Johanna Seban
{"type":"Banniere-Basse"}