C’est nouveau et ce n’est pas « l’effet Coupe du monde » : la musique de France peut être fière d’elle.
Que Roger Gicquel se rassure : la France n’a plus peur. C’était dans l’air ambiant depuis plusieurs années mais en 98, la production hexagonale a carrément oublié ses éternels complexes. Le vieux coq empâté est désormais une poule aux oeufs d’or, un moral de vainqueur a triomphé de l’esprit Poulidor.
Champions du monde ? Sur ce terrain là, pas encore, mais ça bouillonne sévère et, qui sait, un jour… Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un oeil en arrière sur les couvertures de ce magazine : Bashung et Air d’entrée de jeu en janvier, puis Manu Chao, Rachid Taha et Faudel, Pascal Comelade, Yann Tiersen… Loin de la francofolie paranoïaque, du protectionnisme frileux martelé à coups de quotas, la musique française gambade désormais nez au vent dans un champ de possibles, sans frontière imposée ni fils barbelés : littéraire ou instrumentale, électronique ou artisanale, sous influence arabe, sud-américaine ou versaillaise, poétique, cosmique, atmosphérique, remuante ou statique, la France est c’est un mot dans l’air du temps plurielle. Et singulière. A la pêche aux nouveaux noms, on a remonté l’espiègle Roudoudou, l’esthète Imhotep, les ruraux Tue-Loup, les rohmériens Superflu, l’astucieux Ignatus, un aréopage bien fourni de DJ ou MC et un collège de bricolos à suivre de près. On sait, pour en avoir eu un avant-goût, qu’on succombera dès l’année prochaine à l’hypnose de Rhinôçérôse, aux remèdes magiques de Doctor. L, à l’alchimie méli-mélo de Mellow. Ont confirmé tout le bien qu’on pensait d’eux, outre les cover-stars citées plus haut : Little Rabbits, Tanger, Minière, Statics, Ulan Bator, Bosco… la liste est trop longue pour les citer tous.
Du calme, cependant : n’oublions pas quand même qu’en 98, c’est surtout Pascal Obispo, Lara Fabian, Manau ou Notre-Dame De Paris qui ont raflé l’essentiel du pactole. Mon cher Roger, la France n’a plus peur, certes, mais ça n’interdit pas qu’on ait encore parfois un peu honte pour elle.
Christophe Conte
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