Espoir du gangsta-rap qui éclatait au début des années 90 avec son premier album, le Californien valait mieux que son image de bandit macho.
L’Amérique tout entière parle de toi – couverture de Time, de Newsweek, débat au Sénat à ton sujet. En France, on te découvre seulement aujourd’hui.
Snoop Dogg – Vous avez beaucoup de chance d’échapper à tout ce matraquage, à ce foutu endoctrinement. “Snoop Doggy Dog est un fou dangereux. Ce mec célèbre la violence, le viol. Il faut l’enfermer !” Mais merde ! Les types qui écrivent ces putains de conneries ne m’ont jamais rencontré. Comment peuvent-ils condamner un mec sans lui donner la chance de s’expliquer ? La vérité, c’est que je suis un putain de Noir. Et ils ont tous la frousse, en ce moment, aux Etats-Unis.
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Tu as pourtant l’occasion de t’expliquer. La presse est à tes trousses.
Elle est manipulée : cas typique d’hallucination collective. C’est évident, on cherche à m’abattre. Et les ordres viennent d’en haut. De tout en haut…Je ne suis pas parano,je suis sûr de ce que je dis:on veut ma peau. Mais on ne pourra pas m’abattre, c’est trop tard. J’ai vendu trop de disques, touché trop de gosses. Au mieux, ils me foutront en taule, mais on ne pourra pas empêcher la rue d’écouter ma musique.
Un Noir qui parle des choses telles qu’elles sont vraiment dans les ghettos, on connaissait déjà – Ice Cube fait ça depuis des années. Mais qu’un Noir qui traite de ces sujets explose les records de vente, là, ça fout vraiment le bazar. Il y a un paquet de sénateurs et de maires que ça empêche de dormir… Ceci dit, en parlant de moi comme du roi des bandits, ces idiots de politiciens et de journalistes me font une publicité d’enfer.
J’ai vendu quatre millions d’albums en deux mois – avec une dis- tribution peu performante et sans promotion. Combien grâce à ma musique ? Combien grâce aux putains de ragots ? Ces cons-là peuvent dire et écrire ce qu’ils veulent. Pas de problème avec moi : grâce à eux, je suis en train de devenir un enculé de richard. Merci les gars.
Tu ménages le doute, avec ton discours ambigu.
L’ambiguïté fait vendre. La controverse fait vendre. On me traite de voyou : moi, je rigole et je vois défiler les chiffres de vente de mon album. Il suffit qu’un journal ressorte un vieux rapport de police, une photo ou le témoignage d’un fils de pute qui m’a croisé cinq minutes dans sa vie pour que les ventes de mon album s’emballent. Pourquoi lutterais-je contre ce phénomène ?
Pour te défendre, rétablir la vérité ?
Mais la majeure partie des conneries publiées dans la presse est fondée sur des faits réels : oui, j’ai fait un paquet de conneries dans ma vie. J’ai dealé de la came, j’ai traîné dans des histoires pas claires, les balles ont souvent sifflé autour de ma tête. Simplement, tout est amplifié, déformé. Dans mon pays, il y a des milliers de bandits plus dangereux que moi.
Tu revendiques tout de même ce “titre” de bandit.
Un bandit repenti, voilà ce que je suis. Un gangster à la retraite (silence)… J’ai passé la moitié de ma vie avec un flingue dans ma poche, mais cette période est définitivement révolue. Aujourd’hui, je suis là pour parler d’amour. J’ai été un voyou, mais jamais un violeur. J’aime Paris. J’aime votre culture, le cinéma, la peinture – je vais d’ailleurs visiter le musée Picasso demain matin.
https://www.youtube.com/watch?v=diwwK6c2BRA
Tu n’avais jamais quitté les Etats-Unis ?
Il y a encore deux semaines, je ne connaissais que les putains d’autoroutes de L.A., les grosses bagnoles, les sirènes des flics. Ici, je découvre un tas de trucs nouveaux. La Seine, les gens qui marchent le long des quais. Et l’architecture, surtout, merveilleuse… C’est moi qui ai insisté pour venir ici. Je veux voir le monde et promouvoir ma musique. La distance a des vertus que je ne soupçonnais pas.
J’apprends à connaître les Blancs, leur manière de voir les choses. Je me suis toujours traîné cette image de type raciste totalement infondée. Mais moi, j’aime toutes les races. Ici, j’ai rencontré des tas de gens cools, de toutes les couleurs, de toutes les confessions… Toute ma vie, j’ai souhaité quitter le ghetto. Jamais de manière définitive, car j’y ai mes racines, ma famille, mais de temps en temps, pour m’oxygéner.
Ce voyage en France, c’est un véritable miracle, une bénédiction. Je n’aurais jamais pensé visiter l’Europe grâce à mon disque. Un truc essentiel : si j’étais toujours l’enculé de bandit dont tout le monde parle, je ne serais pas là aujourd’hui, car on ne m’aurait pas donné de passeport. Seuls les bons citoyens se voient accorder un passeport. Logiquement, je suis donc un bon citoyen américain (rires)…
D’ailleurs, j’ai le mal du pays. Mes amis me manquent, ma maison, ma mère. En rentrant chez moi, j’ai des tas de choses à régler : des concerts à monter et quelques petits problèmes à régler avec la justice américaine. Cette histoire de poursuite en bagnole… Légalement, je n’ai pas le droit d’en parler. Mais j’aimerais quand même dire que cette histoire me fout la trouille. Je ne sais pas ce que les flics me réservent lorsque je vais rentrer. Ils se débrouillent toujours pour faire inculper les mecs comme moi.
A Long Beach, la banlieue de Los Angeles dont tu es originaire, existe- t-il une frustration, une soif de culture inassouvie ?
Personnellement, j’ai toujours voulu apprendre. Mais la plupart des gens se fichent de ce genre de considérations, le savoir, les études. Dans mon quartier, personne ne sait où se trouve Paris. Comment veux-tu qu’ils s’intéressent à Picasso ? Ici, on vous enseigne la géographie, l’art, les langues étrangères. Les Américains ne veulent pas s’enrichir. Il est tellement plus simple de se refermer sur soi-même, de détester les autres, à savoir tous ceux qui ne te ressemblent pas… Quelques rares amis ont ce rêve magnifique : visiter l’Europe, voir Londres et Berlin. Je sais que peu y parviendront.
Tu es passé des rêves à la réalité : aujourd’hui, on peut dire que tu es devenu une véritable star. Comment gères-tu cette mutation ?
On me protège. C’est un business, aujourd’hui. Ce n’est plus seulement du rap. Je suis bien entouré : par mes copains, ma manageuse Sharitha et un cabinet d’avocats qui trime dur pour m’éviter de plus gros ennuis. On me file des conseils, sur ce que je peux dire et ne pas dire. Mes vrais amis me connaissent, ils savent tous que je suis devenu respectable. Au niveau financier, je sais parfaitement comment gérer l’histoire. J
e ne suis pas, comme certains le disent, un “putain de négro plein aux as aujourd’hui et ruiné dans deux ans”. J’ai beaucoup de respect pour le fric. J’en ai tellement manqué quand j’étais gamin. C’est particulièrement ironique de voir que moi qui viens des ghettos, un endroit où l’argent de l’Etat n’arrive pas, je dois la moitié de mes revenus au fisc en sachant pertinemment que les Noirs n’en verront pas la couleur.
J’ai su très vite que mon album allait devenir un phénomène, que j’allais devenir riche et célèbre. J’étais donc préparé. C’est Dr Dre qui me l’a dit : “Snoop, mon album The Chronic s’est vendu à deux millions d’exemplaires. Le tien pulvérisera ce record. C’est un grand disque, un véritable album avec un début et une fin.” Et lorsque Dr Dre parle, il a toujours raison.
Quels liens vous unissent Dre et toi ? Sont-ils uniquement artistiques ?
Dre est une sorte de père pour moi, un modèle, un grand artiste. Il m’a montré la voie et m’a permis de faire ce disque sans me stresser. Maintenant, il fait partie de ma famille. C’est un homeboy, un membre du clan. Au même titre que mon cousin Joe Cool, qui dessine mes pochettes, ou que Warren G, Nate Dogg et Kurupt, les frères qui rappent sur mon disque.
Quelles qualités faut-il pour devenir un membre de la famille ?
Un bon homeboy, c’est celui qui m’aime pour autre chose que mon fric et ma musique. C’est le mec qui me respecte, pas l’enculé qui veut profiter de moi. Mes vrais amis ne me quitteraient pas si ma carrière cessait demain. Nous sommes très proches. Je peux me confier à eux. Ils savent tout de moi et je sais tout d’eux. Notre amitié est construite sur ces valeurs : respect, confiance, parfaite connaissance de ton frère. Et le partage, une autre valeur essentielle.
C’est le véritable sujet de Ain’t no Fun (if the Homies Can’t Have None). Je ne comprends pas comment ce putain de texte a pu faire couler autant d’encre. C’est une chanson positive, sur l’amitié, le partage. “Je ne peux pas jouir du moment présent si mes potes ne s’amusent pas, eux aussi.” Et des fils de pute ont été inventer que le véritable ujet était le viol collectif. Comment pourrais-je raconter de telles horreurs ? J’ai été un voyou, je ne m’en cache pas. Mais je n’ai jamais été un violeur.
https://www.youtube.com/watch?v=Th0V-fxo9CE
Comment réagissent tes homeboys à ce qui t’arrive actuellement : les attaques de la presse, le procès annoncé dans l’affaire de la poursuite ?
On n’en parle jamais. Si je passais mon temps à lire tout ce qu’on écrit sur moi, je serais déjà devenu fou… Mes potes et moi, on pense juste à faire la fête, à prendre du bon temps. Les soucis avec les journaux et la justice américaine, on s’en contrefiche. Cela ne nous affecte pas. Je ne passe pas mon temps à leur raconter mes aventures, mes rodéos nocturnes. Ils connaissent tous ces choses aussi bien que moi, on vient du même monde.
Et d’ailleurs, toutes les merdes, les fusillades, le deal, toutes ces choses se sont passées avant le début de ma carrière. Qu’on me foute la paix avec tout ça ! Attention : je n’ai rien à cacher, j’ai au contraire énormément de choses à raconter, pour éviter aux gamins de commettre les mêmes méfaits, mais en dehors de mes morceaux, je reste discret sur le sujet…
Je n’ai pas honte de mon passé. Par contre, j’ai des remords. J’aimerais pouvoir revenir en arrière pour corriger quelques erreurs, même si j’ai le sentiment que la vie que j’ai menée avant mon disque était quasiment incontournable. Lorsqu’on vit là où j’ai grandi, on est condamné d’avance. Le crime est un passage obligé.
Tu entres dans un gang comme d’autres vont à l’église. Pour trouver des réponses, une solution à ton problème.
Lorsque j’étais membre du gang, je n’ai jamais eu de problème pour me fringuer, faire des cadeaux à ma copine. Mon niveau de vie était assez élevé… Sans le gang, je me demande vraiment ce que j’aurais foutu. Le ghetto, c’est le tiers-monde : il n’y a pas de boulot, pas d’écoles dignes de ce nom. Le seul moyen de vivre, c’est le gang.
Hors du milieu, je fais confiance à ma mère, mon père, mes frères. Et à ma tante Mary. Je sais qu’ils se fichent royalement de tout ce qu’on écrit à mon sujet. Ils me connaissent vraiment. Tous les gens qui m’ont rencontré au moins une fois dans leur vie savent qui je suis. Ils se font rapidemment leur propre idée, oublient la version officielle, celle des journaux…
Bien sûr que mon disque est une partie essentielle de ma personnalité, mais il faut bien comprendre que j’ai fait cet album comme un acteur joue dans un film. Quand Schwarzenegger bute trente types d’un coup dans Terminator, tout le monde sait qu’après le tournage, il redevient monsieur Tout-le-monde. Les rappeurs n’ont pas cette chance. Les gens s’imaginent qu’on vit comme dans nos chansons, qu’on bute un flic par jour, qu’on viole les filles. C’est faux : mes textes s’inspirent de la vérité, de certains aspects de ma vie, mais mon disque, c’est du cinéma.
Je suis un peu comme ces acteurs très consciencieux qui s’immergent totalement dans l’univers où ils vont devoir évoluer pour leur rôle. On me baptise Sir Real (Monsieur Vérité – ndlr) parce que je sais de quoi je parle, je suis crédible, le scénario du film s’inspire de faits réels : vous voyez, la comparaison avec Terminator s’arrête là.
On t’accuse de cautionner la violence.
Je traite des réalités, pas du monde des rêves et des fantasmes. Si je me mets à chanter sur l’amour, sur ma petite amie, je jouerais le jeu des Blancs. Je deviendrais “un bon petit nègre”, quelqu’un qui plaît à tout le monde.
Ça ne m’intéresse pas, je ne suis pas un vendu, un corrompu. Je n’ai jamais eu le sentiment de promouvoir la violence. Le rap ne fait que tenir la chronique de ce fléau, il ne l’encourage pas. La drogue et les meurtres existaient bien avant le rap.
Venant d’un quartier particulièrement touché par la violence, tu dois pourtant avoir envie d’endiguer ce fléau.
C’est l’unique sens de ma musique : en finir avec les flingues, les drogues. Et finalement, le seul moyen d’accéder à un monde meilleur, c’est de choquer les gosses, de leur en mettre plein la gueule. Si je leur raconte les choses telles quelles sont – la merde, les années au trou, le souvenir d’un pote qui est mort dans mes bras, son sang sur ma chemise –, les morveux se mettent à réfléchir. Je ne suis pas là pour prêcher, je ne suis pas un curé. Je suis là pour ra- conter ce qui se passe vraiment dans la rue.
Ces chansons ont-elles un effet bénéfique sur toi ?
Pour moi, le rap est un immense soulagement. Ces choses horribles doivent sortir – celles que j’ai réellement connues comme celles que j’invente. Il n’y a rien de plus dangereux que de garder ces sentiments à l’intérieur de soi, sous pression. La liberté de discours est une chose merveilleuse pour l’homme. J’ai un tas de potes qui souffrent de ne pas pouvoir s’exprimer, alors je suis là pour les représenter.
Quel est le sens de Doggystyle, le titre de ton album (“en levrette”, en français) ?
Le Doggystyle, c’est ce qui est conçu à la manière de Snoop Doggy Dog. C’est mon style, mon allure, ma musique. Mais la position sexuelle du même nom est une bonne illustration de ce que je fais subir aux politiciens de ce pays.
Quelle est ta définition du mot “bitch” ?
La pute, c’est celle qui couche sans amour, par intérêt. Moi, j’aime les femmes qui ont de la classe, vertueuses. Je ne fréquente pas les putes. Je veux vivre avec la même femme toute ma vie, être un mec bien. J’ai un pote dans ce business, un rappeur, qui est parti en tournée avec sa bande. Après les shows, il se tape quelques nanas, pour se marrer, comme il dit. Moi, c’est pas mon truc. Enfin bref, le mec rentre chez lui et deux mois plus tard, son avocat lui dit qu’une des nanas est tombée enceinte et lui réclame des millions de dollars…
Ce genre de saloperie arrive tous les jours. Il y a des putains de groupies qui écument les loges de concert pour se taper de la bite. Il y a un paquet de putains sur cette terre. Et il y a un paquet de mecs tarés. Les gens qui se sentent offensés par ce que je dis doivent avoir quelque chose à se reprocher. Si une nana rougit en écoutant mes textes, c’est qu’elle se reconnaît. Moi, quand je tombe sur une saloperie qu’un fils de pute a écrit sur moi, je ne rougis pas. Parce que je ne me reconnais pas dans ce portrait. Je me marre, je suis ravi de voir mon nom et ma photo. Le reste ne me touche pas.
https://www.youtube.com/watch?v=sYyew3ns6Lc
Je peux écrire sur ce que je veux. Il n’y a pas de limite, juste la putain de censure des radios, qu’on contourne en enregistrant des versions allégées, en élaguant le vocabulaire hard. Mais je me sens incroyablement libre. Death Row, ma maison de disques – la seule du pays totalement contrôlée par des Noirs – me laisse rapper sur les sujets de mon choix. Je n’ai qu’à fermer les yeux et les images me viennent : toujours les mêmes, celles de ma putain d’adolescence. Les flingues, les bagnoles, les héli- coptères de police. Ces trucs me hantent.
Une chanson comme Murder Was the Case aurait pu être écrite n’importe où. Elle est universelle : les chicanos peuvent la comprendre, les Blancs peuvent la comprendre. Dans cette chan- son, je parle de la peur de se faire flinguer. Ce qui peut arriver à n’importe qui. Moi, je n’ai jamais été pris pour cible. Quand ça tirait dans tous les sens, j’étais souvent le seul à m’en sortir indemne.
As-tu le sentiment que la situation dans les ghettos s’améliore ?
Elle se dégrade. Les écoles, les crèches, tous ces établissement qui tentent de résister face à l’adversité et à la violence vont devoir fermer. Plus de crédits pour les ghettos, ça signifie encore plus de crimes, donc moins d’issues pacifiques possibles. Le gouvernement de mon pays s’en réjouit : quand un Noir agresse un autre Noir, le premier file au trou et le second au cimetière. Ça fait deux Blacks en moins dans la rue et les politiciens dorment en paix.
Voilà pourquoi les guerres des gangs durent depuis des années maintenant. Quand la situation s’apaise, le FBI vient refoutre le bordel dans le ghetto. Ces enculés magouillent : ils butent le membre d’un gang et laissent la signature du gang adverse. Ou bien ils distribuent des doses de drogue trafiquée, mortelle, en accusant les dealers. Et la guerre reprend.
Moi, je connais les mecs des gangs. Beaucoup veulent la paix. Les Noirs en ont marre de porter la bannière de la vio- lence, ils veulent s’organiser, cesser de s’entretuer. Mais avec les fils de putes payés pour alimenter la haine, la paix est tout simplement impossible à l’heure actuelle… Les vrais enculés, ce sont les politiciens : ce sont eux qui encouragent à la violence, pas moi. Leur métier, c’est de nous diviser.
Les seuls vrais politiciens aujourd’hui, ce sont les rappeurs. Les seuls capables de parler aux gens de la rue. Nous, nous savons vraiment ce qui se passe, pour quelles causes nous voulons nous battre. Les politiciens ne savent pas pourquoi ils veulent se battre, ils oublient leurs belles idées en chemin. Mon père a fait le Vietnam. Il a été blessé deux fois, une balle dans le cou, une autre dans la jambe. Et personne n’a jamais été capable de lui expliquer ce qu’il foutait là-bas.
Les membres de ton gang ont-ils facilement accepté ton départ ?
Je ne sais pas, je ne les fréquente plus. Eux ne me font pas peur. Ce sont les en- culés d’en face qui me foutent la frousse. Pour eux, je reste un ennemi. Je porte les tatouages de mon gang, je suis marqué à vie. Ils n’en ont rien à branler, de ma retraite. C’est pour ça que j’ai engagé des gardes du corps. Les mecs qui décrochent sont obligés de se cacher les biceps lorsqu’ils vont faire leurs cour- ses. La chemise à manche longue devient obligatoire. Si tu montres ton tatouage de gang, ça veut dire que tu restes actif.
Sais-tu ce que tes anciens ennemis pensent de ton disque ?
Ils aiment ma musique. Ils me détestent parce que je suis le mec d’en face, mais ils sont fiers qu’un Noir puisse mettre le bordel dans le pays, rapper pour eux. Aujourd’hui, quelle est ta plus grande peur ?
La mort. Il y a des tas de gens qui aimeraient bien me voir crever vite.
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