Apôtres d’une pop mélodieuse, les Français de 1973 offrent un peu de douceur à ce monde de brutes. Critique et écoute intégrale.
L’émergence, ces dernières années, d’une scène pop française décomplexée et inventive n’est plus à prouver : de Tahiti Boy à Chateau Marmont, de Revolver aux futurs champions Jamaica, les représentants du pays se moquant royalement des quotas francophones imposés aux radios sont aujourd’hui aussi nombreux que captivants.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après avoir salué le couronnement américain de Phoenix, on assiste aujourd’hui au sacre national de Pony Pony Run Run, dont les concerts affichent complet et dont le premier album se vend comme des chocolatines à la sortie d’une école toulousaine. Autres prometteurs représentants de cette scène française, les membres de 1973 avaient donné des premières nouvelles l’an passé, le temps d’un attachant premier ep.
On apprenait alors que les Versaillais (Nicolas, Jérôme et Thibault) n’étaient pas nés en 1973, et que le groupe, malgré son nom, n’avait rien à voir avec le choc pétrolier. Sa musique, d’ailleurs, pourrait bien inonder tous les océans du monde, elle ferait du bien à l’eau. Douce, suave, vêtue la plupart du temps d’une jolie robe acoustique, elle constitue un antidote à la crise, et représente le contraire de Lady Gaga. “Ça peut paraître prétentieux mais on aime bien les choses assez belles, les harmonies, les accords, les choeurs. Il y a des artistes qui sont davantage dans la tension. Ce n’est pas notre créneau. On nous a souvent associés à des images de Californie, de soleil. On ne comprend pas toujours le lien mais ça nous plaît. On préfère que notre musique évoque quelque chose de joli plutôt qu’une décharge.”
Pour rester éloigné des poubelles et autres déchetteries, le groupe est parti façonner son album, Bye Bye Cellphone, loin de Paris, dans le Perche. En découle un premier disque qui succède à des expériences déjà nombreuses : le chanteur Nicolas réalise des documentaires, alors que Thibault et Jérôme ont joué aux côtés d’un paquet de gens fréquentables – Austine, Nouvelle Vague, Dominique Dalcan, Darkel. On croise une autre complice, la chanteuse Camille, venue en amie prêter sa voix à l’exquis premier single Bye Bye Cellphone. Autre sucrerie remarquable, Simple Song (for a Complicated Girl) pourrait postuler au titre de meilleure pop-song à placer sur une compile pour séduire une fille.
Le tout, quoique savamment orchestré, affiche un naturel et une simplicité délectables. “Avant le studio, on avait enregistré presque tous les morceaux chez Thibault : des demos très précises, presque définitives. Du coup, en studio, on a essayé de déproduire, de faire un peu moins propre. Ceci étant, on n’a pas peur de l’image de groupe lisse. On aime bien Coldplay, qui a pourtant composé des choses un peu borderline. Mais tu peux piocher des éléments chez Coldplay comme chez Bon Iver. Et on sait aussi éviter les niaiseries. S’il y a par exemple une phrase que le groupe trouve naïve, on a Thibault : c’est la milice du cucul.” Mais ces garçons-là ne sont pas du tout cuculs, ces garçons- là sont des doudous.
{"type":"Banniere-Basse"}