En 1970, les Etats-Unis connaissent des troubles sociaux et une succession d’émeutes raciales dont la musique soul se fait l’écho. En Jamaïque, les Wailers rêvent d’un pareil soulèvement pour leur pays. Leur nouvel album s’intitule Soul Revolution Part II. Bob Marley, encore inconnu hors de l’île, est loin de se douter que, muni de son […]
En 1970, les Etats-Unis connaissent des troubles sociaux et une succession d’émeutes raciales dont la musique soul se fait l’écho. En Jamaïque, les Wailers rêvent d’un pareil soulèvement pour leur pays. Leur nouvel album s’intitule Soul Revolution Part II. Bob Marley, encore inconnu hors de l’île, est loin de se douter que, muni de son message rastafarien, il s’apprête à devenir le porte-parole de tous les opprimés du monde. Après l’album Soul Rebels, la dimension militante des Wailers devient plus évidente que jamais. Leur reprise du Keep On Moving de Curtis Mayfield, sur le thème de l’innocent poursuivi par la police, marque plus encore leur appartenance au mouvement contestataire radical qui émerge à Kingston, et dont l’expression atteindra, avec I Shot the Sheriff en 1973, son plus haut degré subversif.
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Le 33t d’origine produit par Lee Perry est publié en Jamaïque sous une pochette où les Wailers sont habillés en Black Panthers de carnaval, armes au poing. Malgré l’absence de trois titres parmi les plus exceptionnels (Duppy Conqueror (version 4), Sun Is Shining et Don’t Rock My Boat alternate, effacés de l’album originel pour raisons légales mais présents sur l’incontournable coffret Songs of Freedom), ce disque est un chef-d’œuvre. Les trois couplets du Keep On Moving sont ici chantés en alternance par Bob, Peter et Bunny (une version différente de ce titre, récemment découverte, vient d’être publiée sur Soul Adventurer, CD n° 15 de cette collection). Le reggae moderne est né. Le raffinement de la première version de Put It On marque l’une des nombreuses apogées des Wailers de cette période. Batterie virtuose, unique en son genre, de Carly Barrett, basse injouable de son frère Family Man, où tous les motifs sont mis en place à l’envers, guitare cocotte syncopée sur fond de cuivres discrets, mystérieux et africains, mixés en arrière-plan sonore. Un moment illuminé par une spiritualité contemplative absolue (?Lord I thank you/Feel all right now? répété ad lib) que projette l’extraordinaire intensité des voix. Fussing and Fighting est de la même eau bénite. Tosh au mélodica, sur l’instrumental Memphis, contribue au climat mystique, magique, de cet album. Le sommet reste la version originale de l’hymne cannabique Kaya et, dans un même registre, le African Herbsman de Richie Havens qui, en 1974, donnera son nom à une compilation anglaise (Trojan), la première à lever le voile sur cette période. Mais la sélection des titres est ici celle de Scratch. Les onze dubs originaux ajoutés (fabuleux mix de Kaya (version 2) avec un chant scat de Bob), peu courants, pallient les manques mentionnés plus haut. Le livret est riche en photos d’époque décalées et en informations renversantes. Indispensable.
Tracklisting : Keep On Moving (original), Put It On (alternate 2), Fussing and Fighting, Memphis, Riding High, Kaya (original), African Herbsman, Stand Alone, Brain Washing, Keep On Moving (version), Don’t Rock My Boat (version), Put It On (version), Fussing and Fighting (version), Duppy Version, Memphis (version), Riding High (version), Kaya (version 1), African Herbsman (version), Stand Alone (version), Sun Is Shining (version), Brain Washing (version).
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