Sur les photos, œil hagard, cheveux savamment martyrisés et airs de crevards en cuir noir, les Norvégiens ont le physique de l’emploi : pour jouer du rock’n’roll déjanté hanté, du bruit blanc avec plein d’idées noires. Leur mix-tape, au générique grandiose, confirme d’ailleurs leur obsession pour un rock perturbé et camé, noir à l’intérieur comme […]
Sur les photos, œil hagard, cheveux savamment martyrisés et airs de crevards en cuir noir, les Norvégiens ont le physique de l’emploi : pour jouer du rock’n’roll déjanté hanté, du bruit blanc avec plein d’idées noires. Leur mix-tape, au générique grandiose, confirme d’ailleurs leur obsession pour un rock perturbé et camé, noir à l’intérieur comme à l’extérieur : les guitares stridentes et tourmentées de Spacemen 3 ou Jesus & Mary Chain y mènent le bal des vauriens.
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Sauf que pour faire le même bruit, psychédélique et brutal, ces angelots n’ont pas besoin de guitares : leur mix a également retenu Neu! et surtout Suicide, qui s’étaient chargés avant eux de prouver qu’on pouvait jouer un rock’n’roll furieux et glaçant avec seulement un synthé crasseux et une boîte à rythmes tuberculeuse. La grande trouvaille des Norvégiens, c’est d’avoir couru deux lièvres à la fois : un psychédélisme bourru et forcené, héritier des Stooges, agite ainsi le chant et les basses, tandis que les nappes de synthés, elles, drapent cette violence sourde d’une élégance et d’un romantisme tout européens (Bowie à Berlin et donc Kraftwerk). Même les Britanniques de Primal Scream (parrains évidents) n’avait osé pousser aussi loin cette schizophrénie, eux qui ont si souvent et sagement privilégié, chacun son tour, les déflagrations américaines du garage-rock, le robotisme glacé de la new-wave ou les répétitions cinglées du krautrock. Mais 120 Days, comme le rappelle son mix/manifeste, a décidé que tout cela relevait de la même bacchanale, de la même furie : dans toutes ces veines coule le même mauvais sang.
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