Il y a trente ans, Robert Wyatt est tombé par la fenêtre. Il a ensuite composé Rock Bottom et tout le monde est resté époustouflé. Il y a un an, le batteur de Travis a dégringolé dans une piscine. Tout le monde s’en est foutu. Il avait pourtant une petite barbe comme Robert (particularité physique […]
Il y a trente ans, Robert Wyatt est tombé par la fenêtre. Il a ensuite composé Rock Bottom et tout le monde est resté époustouflé. Il y a un an, le batteur de Travis a dégringolé dans une piscine. Tout le monde s’en est foutu. Il avait pourtant une petite barbe comme Robert (particularité physique récurrente chez les batteurs).
Peut-être après avoir ingurgité des litres de Guinness a-t-il décidé de tenter le grand splash dans un jacuzzi, comme dans un clip de R n’B L’ennui, c’est que les vidéos des petits Ecossais pâles et chétifs de Travis n’ont rien à voir avec celles des gros gangsters hip-hop. Certes, leurs fêtes sont arrosées : il pleut beaucoup à Glasgow. Mais, hélas, leurs petites piscines ne se prêtent pas au grand plongeon. Pauvre batteur. C’est qu’il a failli ne jamais s’en remettre.
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Certains détracteurs n’y auraient vu que la disparition d’un groupe de pop passé maître dans l’art d’accompagner les spots publicitaires pour comptes d’épargne logement. Qu’ils se détrompent. Les garçons de Travis sont formidables. Ils furent les auteurs d’un grand album de pop anglaise de la dernière décennie, The Man Who, que le plus récent, The Invisible Band, avec son cortège de tubes FM bodybuildés, avait presque fait oublier. Aujourd’hui, ils reviennent confirmer l’idée, triste mais maintes fois vérifiée, que c’est en touchant le fond (de la piscine) que les artistes trouvent la plus belle inspiration.
C’est en effet en tombant dans l’abysse que Travis a réussi un beau retour à la pop classique. Un 12 Memories stellaire, ou douze souvenirs portés par la voix toujours gracieuse de Fran Healy : des morceaux commodes mais charmants (Re-Offender et Quicksand), un aparté radioheadesque (Paperclips), une pop mélancolique qui rappelle celle du compère Elliott Smith (Love Will Come Through). C’est la bonne nouvelle : Travis reprend formes et chair. Fin du groupe transparent, invisible.
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