Un coffret rend justice à l’un des groupes les plus sous-estimés des seventies.
Trop souvent résumé au seul I’m Not in Love, prodigieux mille-feuille vocal pour quelques-uns et madeleine chantilly de l’été 75 pour la plupart, 10cc méritait bien une révision de grande ampleur. Ce coffret au design ésotérique, signé comme la plupart des pochettes du groupe par Hipgnosis, est une véritable boîte à malice dont on découvre les innombrables trappes et quelques précieux fonds de tiroirs réunis sur un CD de raretés qui comblera les 10ccistes les plus acharnés.
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Fondé à Manchester à l’aube des années 70, 10cc sera la cellule de ralliement de quatre musiciens déjà actifs dans l’ombre depuis le milieu des sixties. Graham Gouldman a écrit pour les Hollies, Yardbirds et autres Herman’s Hermits (No Milk Today, c’est lui), Eric Stewart a déjà eu un numéro 1 comme guitariste de Wayne Fontana & The Mindbenders (The Game of Love) et le duo Kevin Godley et Lol Creme a fait ses classes en Simon & Garfunkel british sous le nom de The Yellow Bellow Room Boom.
Tous réunis au sein des studios Strawberry – baptisés ainsi en hommage aux Beatles –, qui tournent au départ comme une usine à distribuer les tubes bubblegum, ils ratent un deal avec Apple mais persistent dans leur ambition de réinventer la grammaire pop telle que les Fab Four l’ont laissée en suspens.
De pastiches fifties (Donna) en fresques rococo (Une nuit à Paris, I Want to Rule the World), combinant la grâce aérienne des Beach Boys, l’esprit coq-à-l’âne du White Album et le zapping pataphysicien à la Zappa, ces quatre cerveaux en surchauffe conceptuelle vont définir un style en soi : l’art-pop.
Pour quelques lourdeurs coupables dues au poids de l’époque, on mesure à l’usage combien ce groupe absolument génial fut abusivement classé au rayon des reliques prog-rock alors qu’il avait plus de points d’attache avec Roxy Music qu’avec Yes. Un DVD réunissant des passages télé et des extraits de concerts donne toutefois la clé du malentendu qui frappa 10cc : leur look déplorable fit qu’on les confondit souvent avec Supertramp.
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