Ceux qui auront manqué l’étape cruciale de la BO de Virgin suicides ne disposeront pas de toutes les clés qui permettent d’entrer de plain-pied dans la capsule ultra-sophistiquée de ce 10 000 Hz legend. On est déjà loin des premiers pas tremblants de Moon safari, on est déjà dans l’inconnu, l’inouï, quand Electronic performers, l’oratorio […]
Ceux qui auront manqué l’étape cruciale de la BO de Virgin suicides ne disposeront pas de toutes les clés qui permettent d’entrer de plain-pied dans la capsule ultra-sophistiquée de ce 10 000 Hz legend. On est déjà loin des premiers pas tremblants de Moon safari, on est déjà dans l’inconnu, l’inouï, quand Electronic performers, l’oratorio digital qui ouvre l’album, déploie sa grande parade spatiale tel un ballet kubrickien. Il s’agit d’un Air neuf et pourtant, insidieusement, celui-ci est déjà familier. Radio # 1 donne l’impression que le Sexy boy du premier album se retrouve prisonnier de la forteresse The Wall. Toute la virtuosité de ce duo un peu vite gadgétisé par les médias enflamme le long tracé de The Radian, assurément l’un des moments de grâce pure de l’année au côté du Pyramid song de Radiohead. Cohérent et parfaitement articulé, cet album possède en plus de sa beauté panoramique une puissance de feu par paliers que mettent progressivement en route les chansons elles-mêmes, qu’elles ressemblent à des comptines space-pop (Lucky and unhappy, People in the city), à des folk-songs virant aux funk pourpre (The Vagabond) ou à un sac de Neu trimballé par Ultravox (Don’t be light). Ajoutons à ce programme un hommage pharaonique à Ennio Morricone (Wonder milky beach), un concentré de sorcellerie tiré du double grimoire blanc des Beatles (How does it make you feel ?), beaucoup de fantaisie et d’érudition, de maîtrise et de risques, une bonne dose d’idéalisme et ce qu’il faut de candeur préservée. Bref, tous les ingrédients d’un chef-d’œuvre.