Notorious B.I.G. est mort il y a dix-huit ans. Alors que sa rivalité avec Tupac continue d’animer les fins de soirée chez les amateurs de hip-hop, sélection de dix rappeurs U.S décédés beaucoup trop tôt.
10 – BIG MOE † 33 ans
Dans les allées lugubres du cimetière du rap U.S, son spectre gaillard et généreux clignote d’une étrange lueur violacée. A force de s’enfiler des citernes de syrup, Big Moe a fini par noyer et étouffer définitivement les battements de son cœur. Le rappeur de Houston est mort d’une crise cardiaque en octobre 2007 à l’âge de 33 ans. Il avait quand même eu le temps de publier trois albums savamment codéinés de son vivant. Sorti en 2002 sur Purple World, le titre Purple Stuff (le mec était obsédé) reste considéré comme son plus gros tube. Maan, publié deux ans plus tôt, préfigurait déjà les vibrations Dirty South de certaines productions actuelles. Codéine, vie.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
9 – EYEDEA † 28 ans
Connu sur disque grâce à son duo avec Dj Abilities, Eyedea (Michael Larsen au civil) s’était forgé une solide réputation de démonteur de MC dans les battles télévisées aux Etats-Unis à la toute fin des 90’s (bel exemple ici, un autre ici). Signé chez Rhymesayers, il a sorti quelques perles expérimentales au début des années 2000 avant de revenir en 2009 avec By The Throat, le dernier album de Eyedea & Abilities. Michael Larsen s’éteindra dans son sommeil l’année suivante, victime d’une surdose. Freestyle barjo en écoute à cette adresse et grand titre en suivant.
8 – GRYM REAPER † 36 ans
Le hip-hop a aussi ses « supergroupes ». Au début des 90’s, RZA (Wu-Tang), Prince Paul (De La Soul), Frukwan et Grym Reaper forment Gravediggaz à New-York. La réunion donne naissance à deux albums : 6 Feet Deep (1994) et The Pick, the Sickel and the Shovel (1997), tous deux déterminants dans la démocratisation de l’écriture horrorcore et de ses ressorts sinistres et morbides. Deux ans après le dernier album du supergroupe – et les départs conjugués de RZA et Prince Paul – Grym Reaper (aussi connu sous le nom de Poetic) contracte un cancer du colon qui l’emportera finalement en 2001. Nightmare in A- Minor, un troisième album de Gravedigazz, verra le jour en 2002 avec les seules participations de Frukwan et Grym Reaper.
7 – BIG PUN † 28 ans
« Calibré, chemise hawaïenne ». On découvre Christopher Rios, le Big Punisher du Bronx, en featuring sur le deuxième album de Fat Joe sorti en 1995. Fin 1997, le rappeur originaire de Porto Rico impose I’m Not a Player, un hit qui lui assure la publication d’un premier album solo l’année suivante. Capital Punishment trouve son public et élève Big Pun au rang de première gloire latino du hip-hop U.S. Le rappeur rejoint le Terror Squad de Fat Joe et travaille sur Yeeeah Baby, suite très attendue de sa première collection de chansons. L’album sort en avril 2000, deux mois après la mort de son auteur des suites d’une crise cardiaque. Christopher Rios était monté à plus de 310 kg à la fin de sa vie. Obésité morbide.
http://www.youtube.com/watch?v=DwEqTbaFVXU
6 – JAM MASTER JAY † 37 ans
Pas un rappeur. Mais tellement musicien que son souvenir contrebalance largement le poids des mots. En sept albums publiés entre 1984 et 2001, Jam Matser Jay a construit l’âme sonique de RUN-D.M.C. et une grosse partie de sa légende. Jam Master Jay est mort assassiné le 30 octobre 2002 au sortir d’un studio d’enregistrement dans le quartier du Queen’s à New-York. Kenneth McGriff, célèbre trafiquant de drogues new-yorkais a lontgtemps été suspecté d’avoir commandité le meurtre. McGriff aurait mal reçu le morceau Ghetto Qu’ran dans lequel 50 Cent déballait trop de détails sur les trafics du Queen’s et de South Jamaica. Jam Matser Jay avait pris sous son aile le jeune Curtis Jackson (aka 50 Cent) dès la fin des 90’s et figurait donc sur une prétendue liste noire d’hommes à abattre. Kenneth McGriff n’a jamais été inquiété pour le meurtre de Jam Master Jay. Il a en revanche été condamné à la prison à vie en 2007 pour avoir commandité celui du rappeur E-Moneybags, cité dans la chanson de 50 Cent.
5 – OL’ DIRTY BASTARD † 35 ans
Le plus cinglos. ODB : bâtard du son, débarqué des 36 (anti) chambres de l’enfer sur le premier album du Wu-Tang en 1993, et renvoyé overdosé dans les mêmes limbes fumants onze ans plus tard, l’avant veille de son trente-sixième anniversaire. Ses excès auront nourri son casier judiciaire autant que sa discographie désaxée. Hors Wu-Tang, le cerveau le plus infecté du hip-hop aura sorti deux grands albums : Return To The 36 Chambers et Nigga Please en 1995 et 1999. A Son Unique, troisième asile sur disque camisolé par ODB juste avant sa mort est en écoute à cette adresse.
https://www.youtube.com/watch?v=gKw5mBh4rYs
4 – TUPAC † 25 ans
Au début des années 2000, à peu près 97,5% des lycées français comptaient une paire de représentants en Tupacologie. Le plus souvent en couple, extrêmistes du chewing-gum et du bandana, ce mec et cette fille traînaient comme deux balles perdues dans les couloirs du bahut, persuadés d’entretenir un rapport intime avec la légende de Tupac Shakur et attendant la nuit idéale pour sacrifier leur virginité sur Me Against The World ou All Eyez On Me. On la fermait pour éviter de les décevoir, mais en réalité tout le monde écoutait Tupac avec la certitude d’avoir à faire à une légende du rap… Même si son charisme et sa grandeur devaient autant à ses talents de rappeur qu’à son sens du business et du changement de posture. Bel exemple avec sa considération évolutive de la gent féminine.
3 – EAZY-E † 31 ans
Le hip-hop est souvent affaire de postures. Eazy-E l’avait compris avant tout le monde. On a beau dire que ses premiers textes avec N.W.A.étaient écrits par les autres membres du groupe, ses allures de leader d’instinct, son obsession pour l’argent facile et sa grande gueule narquoise ont influencé une bonne partie des codes du hip-hop d’aujourd’hui. La compilation N.W.A. and the Posse ou l’album Straight Outta Compton ont réussi à maintenir, quelques années durant, l’équilibre fragile entre Gangsta Rap et déconnade. Une certaine idée sur de la côte ouest qui aura largement survécu à Eazy-E, mort du SIDA en mars 1995 à l’âge de 31 ans.
http://www.youtube.com/watch?v=irn9FYJP2fY
2 – NOTORIOUS B.I.G. † 24 ans
Pas plus que l’on a totalement éclairci la mort de Tupac, on ne sait toujours pas qui a tué Notorious B.I.G. le 9 mars 1997. Christopher Wallace aura vécu à peine 25 ans, dont près du tiers passé à rapper dans les rues de Brooklyn ou dans les studios payés par Puff Daddy. Comme pour Tupac, l’urgence commerciale des maisons de disques a participé à l’écriture de sa légende : ironiquement, sa carrière posthume est bien plus dense et rentable que celle qu’il a mené de son vivant. Ready To Die, son premier album publié en 1994 contient autant de tubes que de pistes. Même constat sur le bien nommé Life After Death, sorti par Bad Boy Records deux semaines seulement après son assassinat. On ne sait pas si sa rivalité avec Tupac l’a conduit dans la tombe mais la face B de Big Poppa sortie en 1995 n’aura pas assaini les relations entre les deux côtes. Écho maladroit à la première tentative de meurtre dont Tupac avait été victime ou réelle revendication ?
http://www.youtube.com/watch?v=Y7yQwQtSN7M
1 – BIG L † 24 ans
Loin d’être le plus pleuré ou commémoré des rappeurs décédés, Big L était peut-être le plus talentueux. Après le succès de l’album Lifestylez ov da Poor & Dangerous en 1995, le mec devait signer sur Roc-A-Fella Records (le label de Jay-Z). Avec des titres sombres comme Dagraveyard, et d’autres plus immédiats comme M.V.P. ou Put It On, le premier album de Big L jongle entre les racines underground du rappeur d’Harlem et le futur platine qu’on lui prédisait déjà à l’âge de 20 ans. Assassiné de neuf balles dans la tête et dans la poitrine en 1999 sans qu’aucun tireur ou commanditaire ne soit arrêté, Lamont Coleman gardera pour toujours le visage jouvenceau du rappeur moderne, technique et audacieux qu’il était.
{"type":"Banniere-Basse"}