A l’occasion de sa 40e édition, le festival du Printemps de Bourges mettait les petits plats dans les grands avec une riche programmation mixant habilement les genres et les générations. On y était, on vous raconte.
Pour cette édition anniversaire, le Printemps de Bourges nous confirme son rôle de prescripteur, avec encore et toujours des concerts découvertes – célébrés en partie via la sélection pointue des Inouïs. Mais le festival rassemble également les générations grâce à une programmation qui croise pop stars et vieux routards. Alors si l’équipe organisatrice a changé, Morgane Production reprenant les rènes et le directeur historique Daniel Colling laissant place à Boris Vedel, rassurez-vous, pas de crise de la quarantaine pour le Printemps de Bourges ! On y était, on vous raconte, nos 10 concerts préférés.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Essaie Pas
Sous un ciel maussade, le duo québécois Essaie Pas, signé sur le fameux label DFA Records, nous propulse dans un univers sombre, fait de rythmiques techno lancinantes et répétitives. Passés maîtres dans l’art de l’hypnose par les loops électro, les deux tourtereaux pourraient nous faire danser sur les mêmes notes de synthés, comme un serpent charmé par une flûte, pendant des heures. Et pour mieux nous envoûter, leurs voix suaves nous susurrent à l’oreille des textes empreints d’une poésie noire, dans lesquels nos esprits vagabondent et finissent par se perdre. Peu importe la pluie et le vent, on oublie absolument tout, à l’écoute de ce concert en forme de trip nocturne et halluciné.
G.C.
Flavien Berger
Le super-héros de l’électronique, à la longue cape rouge, fait honneur à la soirée d’ouverture du festival, en nous faisant passer de danses extatiques en instants de pure émotion. De cette soirée tout en boucles techno et ambient, aux accents blues, on retiendra plus particulièrement la descente de Flavien dans le public, avec ses amis de Salut C’est Cool, sur une mélodie touchante et entêtante. Un moment de grâce durant lequel la foule est devenue subitement silencieuse, laissant la musique emplir l’espace de la salle.
G.C.
https://www.youtube.com/watch?v=aO_MPwBfJLw
Last Train
Un an après leur consécration aux Inouïs (où ils ont arraché la médaille avec un bon mètre d’avance à leurs petits concurrents), les jeunes princes du rock français sont de retour à Bourges, émus de jouer dans la même salle (le 22) qui les avait sacrés. Le bouche à oreille (et quelques passages mérités sur le petit écran) semblent avoir mis le feu aux poudres puisque c’est une salle pleine à craquer qui les attend. Et elle ne regrettera pas le voyage, en tout ce sont 45 minutes pendant lesquelles les quatre Alsaciens ne manquent pas leurs promesses avec une plâtrée de crissements de guitares, voix lacérée et sauts en tout genre. Ames bohèmes s’abstenir. Pas de manière, de kick ou de boîte à rythme traficotée avec Last Train, tout se joue devant vos yeux, pour le meilleur de vos oreilles (et le pire de vos acouphènes). Final avec un Fire qui enflamme les premiers rangs. Jouissif !
A.A.
https://www.youtube.com/watch?v=NZ_9VwV0qJc
Lola Marsh
Arborant quelques fleurs dans ses cheveux, Lola Marsh nous rappelle – malgré la météo – que le printemps a bel et bien commencé à Bourges. Faisant fi de l’espace clos de l’auditorium, la chanteuse nous transporte vers des paysages sauvages et champêtres. Armée de sa guitare sèche, qu’elle brandit comme une rock star, elle valse dans sa robe d’un blanc immaculé, et nous fait reprendre ses refrains folk-rock aériens, situés quelque part entre les hymnes épiques de la baroudeuse PJ Harvey et le lyrisme pop de Lana Del Rey. De quoi avoir furieusement envie de taper du pied sur les planches de la scène, à ses côtés.
G.C.
MHD
Deux jours après la sortie de son premier album, l’ambassadeur de l’afro trap, Mohammed Sylla – alias MHD – montait sur la petite scène du 22 à Bourges. Dilemme : comment faire rentrer autant de casquettes et de Air Max ? La solution est vite trouvée par son jeune public hilare : on se presse, on saute et on se secoue (pour que la pulpe elle reste pas en bas). Fidèle à ses freestyles mythiques – rassemblant jusqu’à 20 millions de vues sur Youtube – MHD dévoile sur scène un melting pot de hip-hop, rythmiques afro, des « Pa-Pa-Pa-Paw » qui vous restent en tête toute la nuit, et aussi pas mal de déhanchés et coupé décalés. Ce petit gars du XIXe arrondissement – qui assuré les première parties de Booba – nous séduit avec des punchlines egotrip (Molo Molo) célébrant la fête et le foot (Champions League déchargeant les batteries et la santé du public), mais aussi des titres plus personnels (Maman j’ai mal) !
A.A.
Naive New Beaters (feat. Izia)
Ambiance endiablée pour le concert des Naive New Beaters. Fidèles à eux-mêmes, le guitariste Martin Luther BB King, le DJ-producteur Eurobelix et le chanteur David Boring ont fait littéralement sauter le public du Printemps de Bourges, sur une fusion parfaite entre électro, rock et hip-hop. Et comme si la température n’était pas déjà assez élevée, Izia fait une apparition rock’n’roll, pour le single « Heal Tomorrow », sur une estrade qui, selon David – et avec l’humour qu’on lui connaît -, “la starifie au max” !
G.C.
Papooz
Pas question de déroger à la règle pour la 40e édition du PDB, côté météo, nous voilà bien gâtés et trempés de sueur et de flotte. Pourtant, on en connaît deux qui ne prennent pas la pluie, deux âmes water proof qui réchaufferait même les cœurs des plus rigides. Ils s’appellent Ulysse et Armand, deux Parisiens qui vivent d’amour et d’eau fraiche, et célèbrent sur scène le soleil de la French Riviera, les “green juice” ou le farniente. Difficile de ne pas tomber amoureux de leurs timbres graciles et quasi féminins, et de leurs guitares cajoleuses débitant des mélodies aussi savantes que faciles, non sans rappeler le Norvégien du Whitest Boy Alive. Autrefois duo, Papooz s’accompagne désormais d’un bassiste, batteur et violoncelliste, donnant là beaucoup plus de nuances et de couleurs à leur live. On attend avec impatience leur premier album qui devrait sortir avant l’été.
A.A.
https://www.youtube.com/watch?v=zdEJB-dFZpc
Rendez-vous
Sur la scène extérieure Pression Live, on retrouve le fameux quatuor post-punk parisien, à peine deux semaines avant la sortie de son prochain EP. Et autant dire qu’après une prestation de cette envergure, on a hâte de pouvoir mettre la main sur le disque! Sur des instrumentations parfaitement équilibrées, où chaque ligne de basse, nappe de synthés ou riff de guitare a suffisamment d’espace pour nous faire vibrer, se pose une voix toujours sur le fil – entre cri, chant et slam caverneux -, qui laisse notre imagination reconstituer d’elle-même les imparables mélodies. Sans perdre une miette d’énergie, la bande évite ainsi avec brio, l’écueil du rock envoyé à tout berzingue, sans breaks et sans reliefs, qui a trop souvent tendance à provoquer l’inverse de l’effet escompté. Ici, impossible de ne pas secouer sa crinière jusqu’aux dernières notes de « Distance », final explosif, qui nous laisse pantois.
G.C.
Tkay Maidza
Peu de monde était présent pour le concert de Tkay Maidza. Et pourtant, l’Australienne, dont les lives ont même reçu les louanges du grand Killer Mike, délivre ce soir-là une performance à couper le souffle. Sur des productions d’une modernité ahurissante, mêlant sonorités RnB, house, hip-hop et 2-step, la jeune artiste nous montre l’étendue de ses talents en chantant, rappant et dansant avec une énergie (très) communicative. Impossible en effet, de ne pas succomber à cette deep music ultra rythmée, aussi planante qu’entraînante, et inspirée de sa mentor Azealia Banks. Un potentiel dont on ne soupçonnait pas bien l’étendue, sur les versions studios – moins nuancées et aérées – de ses premiers morceaux. Si Tkay continue sur cette voie, on lui prédit d’ores et déjà un bel avenir. The Next Big Thing, comme les anglo-saxons disent…
G.C.
Vald
Difficile de ne retenir qu’un seul morceau du set de Vald. Le rappeur pose son flow ravageur, aux textes virulents et fédérateurs, sur des productions trap et hip-hop puissantes, conférant à l’ensemble un air de Run The Jewels. En véritable showman, il motive et harangue une foule qui boit ses paroles, et les répète à tue-tête. Pour faire ses adieux, il finira paradoxalement par son single phare « Bonjour », soutenu par des centaines de personnes hurlant « Il a pas dit bonjour ! ». Et nous, on n’a décidément pas envie de lui dire au revoir…
G.C.
Retrouvez également nos coups de cœur Inouïs et le palmarès des découvertes du Printemps de Bourges 2016.
{"type":"Banniere-Basse"}