Riffs enflammés, groove à couper le souffle, cuivres flamboyants et basses langoureuses, la musique de l’âme à son meilleur.
Myles Sanko, Just Being Me
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Parti du Ghana pour la province anglaise, formé au rap et au funk (il a notamment collaboré avec Speedometer), puis lancé en solo à travers deux albums conçus à partir de bouts de ficelle, Myles Sanko a finalement été repéré par Gregory Porter et gagné une popularité qui lui permet de présenter aujourd’hui ce Just Being Me à la production luxueuse. Un peu jazz pour le chic, soul sans tapage, discrètement pop, Sanko fait partout montre d’une classe charmante qui laisse pressentir le gentleman authentique. A vérifier en live le 1er juillet, au Duc des Lombards.
Don Bryant, Don’t Give Up On Love
C’est un vétéran du songwriting, qui a longtemps œuvré dans l’ombre de sa femme, la légendaire Ann Peebles, au sein du non moins légendaire label Hi Records. 48 ans après l’unique album publié sous son nom, il revient au chant pour rendre hommage à sa compagne de toujours, diminuée par un AVC. Et le miracle s’accomplit : la soul du Sud, peut-être la plus noble qui fût jamais pratiquée sur cette terre est encore vivante, ses secrets ne sont pas perdus, et Don Bryant appartient, par la chair et l’âme, au cercle restreint de ses grands interprètes.
Miles Mosley, Uprising
Il a participé à l’enregistrement du festin pantagruélique de Kamasi Washington (The Epic), et ce n’est pas un hasard : comme le saxophoniste de Los Angeles, Miles Mosley navigue entre jazz, rock, funk et soul, avec l’assurance du surdoué parfaitement maître de ses décisions. De sa contrebasse il tire aussi bien des riffs massifs à la Bootsy Collins que des orages extatiques à la Hendrix, et dans sa voix passent les colères toujours vives, les inquiétudes et le besoin de transcendance de la communauté afro-américaine. Tout cela se concentre à haute température, dans un disque filant à toute allure, porté par trop d’urgence et qui le fait savoir, dans une fièvre de groove à couper le souffle.
Izo Fitzroy, Skyline
D’Alice Russell à Laura Mvula en passant par Annique, Eska ou Harleighblu, l’Angleterre est prodigue en soul woman à fort tempérament capables de vous promener des cohortes de loulous par le bout du museau. On retrouve ce caractère bien trempé chez Izo Fitzroy, avec une profondeur râpeuse bien à elle, qui sent le vécu pas toujours évident et un amour des plus sincères pour le blues et ses dérivés. Dans Skyline, la baroudeuse blonde définit son horizon propre entre morsures d’amour et rages heureuses, chagrins lavés par l’ego trip et déclarations sauvages d’indépendance. Aucune démonstration intempestive ici, et c’est ce qui fait tout l’attrait de cet album – et de cette chanteuse à suivre de près.
Sugaray Rayford, The World That We Live In
Avouons-le : on n’avait pas encore repéré cette imposante silhouette quand d’autres, beaucoup plus avisés, prenaient les devants, ainsi Brian Wilson ou Luca Sapio, producteur de ce « monde dans lequel nous vivons » dont la première bonne nouvelle est que Sugaray Rayford en fait partie. D’habitude, le colosse texan officie dans le blues et s’il le quitte pour la ballade soul et le funk caniculaire, ce n’est pas pour changer ses manières sudistes. La générosité coule donc à flots ici, en même temps que la graisse des travers de porc grillés, la sueur, l’alcool fort, les sourires des filles et les volutes sèches du barreau de chaise. Chaque morceau est joué à la rude, sans tricher, en plein soleil et – oh Lord ! – c’est bougrement bon. A paraître le 1er septembre.
Eric Legnini, Wax Up
Un pianiste de jazz qui se métamorphose en producteur de soul, cela devrait à tout le moindre surprendre, intriguer. Mais chez Eric Legnini, cette mue paraît avoir toujours été pressentie, comme écrite à l’avance, ce qui n’enlève rien au plaisir de son avènement. Dans les instrumentaux finement calibrés par son trio, dans cette débauche de clavinet, wah-wah, cuivres et basses langoureuses, on retrouve le souci du détail et le goût attendu d’un parfait maître de cérémonie. Ainsi choyés, les nombreux invités (Yael Naim, parfaite comme toujours, Michelle Willis ou Hugh Coltman…) donnent le meilleur d’eux-mêmes. On peut donc sabrer le champagne en toute confiance et ressortir la Gran Torino rouge et blanche de 1975 pour retrouver Legnini le 28 juillet, dans le cadre de Jazz in Marciac.
Cody Chesnutt, My Love Divine Degree
De la soul, Cody Chesnutt a toujours adopté une idée spirituelle, quitte à s’absenter longuement des studios et de la scène et à ne pas tirer tout le profit médiatique et financier de ses efforts pour unir chant, poésie et conscience politique. Cette pensée profonde ne l’empêche pas, heureusement, de dérouler une musique ambitieuse et légère, où se retrouve l’influence du jazz, de l’afrobeat (Africa the Future), du ska, voire du disco (She Ran Away). Que l’on soit sensible ou non aux appels répétés à la communion dans l’amour – l’ivresse qu’elle engendre peut par instants ne pas être que divine –, cette diversité et cette sincérité demeurent impressionnantes.
Trombone Shorty, Parking Lot Symphony
Pur produit de La Nouvelle-Orléans – il est pour ainsi dire né dans une fanfare de rue –, Trombone Shorty cultive une vision synthétique de son extravagant brassage musical, suivant en cela les pas d’Allen Toussaint, qui fut un de ses professeurs. Dans Parking Lot Symphony, le jeune tromboniste et trompettiste puise dans la soul (I Ain’t No Use) et le funk (Tripped Out Slim) autant que dans le jazz (le sublime Laveau Dirge N°1) et le r’n’b (Here Come the Girls), autant de courants qui le ramènent invariablement à Treme et à ses sorcelleries nocturnes. A retrouver en concert le 8 juillet à Vienne et le 9 à Fontainebleau.
Sax Machine, Bubbling
La formule est simple, mais d’une efficacité imparable : des riffs de sax et de trombone pour la trame funk, des breakbeats rudimentaires élaborés en direct et un rappeur d’exception – RacecaR – pour entraîner tout le monde dans la plus cool des party. En concert, Sax Machine fonctionne à pleins tubes et ne laisse personne repartir sans lui avoir donné une idée plus souriante de la vie. Dans Bubbling, le trio hausse encore le niveau, fidèle à l’ascèse funk, mais avec davantage de punch que dans son premier album, des feats judicieux et une production qui a gagné en muscle. A retrouver le 13 juillet, dans le cadre de Jazz à Vienne.
Nils Landgren Funk Unit, Unbreakable
Voici un disque idéal pour jeter un sort à l’opposition simpliste entre le Nord scandinave, inévitablement blanc et froid, et le Sud américain, forcément torride et noir. Les musiciens suédois, les disques du label Act le prouvent suffisamment, excellent dans le funk comme dans le jazz, surtout quand c’est le tromboniste et chanteur Nils Landgren qui mène la danse. On songe parfois à Maceo Parker dans sa période Planet Groove, en plus sage car l’album n’est pas live. L’invitation à festoyer n’en est pas moins contagieuse et l’hédonisme cultivé avec toute la décontraction nécessaire par une formation qui fête dignement ici son quart de siècle d’existence.
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