Une sélection de 10 disques qui sentent bon le sable chaud.
Seu Jorge, « Músicas para Churrasco Vol. 2 »
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Poursuivant dans la veine disco-pop du premier volume, la star de la samba brésilienne prône un hédonisme décomplexé dans ce Músicas para Churrasco Vol. 2 parfaitement troussé pour l’été et ses plaisirs. Derrière l’innocence affichée, on retrouve le savoir-faire de Seu Jorge, sa manière d’épouser à fond la carte postale la plus défraîchie pour la revitaliser de ses grooves millimétrés, de transcender n’importe quel cliché (Babydoll et ses accents à la Barry White, la sérénade à la trompette de Tá Em Tempo, les vrombissements de moto de Motoboy) en l’assumant dans une jouissance immédiate. Cet album demande tellement à nous accompagner dans nos déambulations ensoleillées qu’on ne saurait lui opposer le moindre refus.
La-33, « La Ruta de la Pantera »
La-33 est né dans une rue de Bogotá, plus précisément dans « la calle 33 », où la bohème de la capitale colombienne aime à se réunir pour jouer de la musique. Une urbanité originelle qui transparaît dans les moiteurs et les tensions de ses compositions. Révélé au monde par une reprise du thème de La Panthère rose, la formation sort aujourd’hui La Ruta de la Pantera, compilation de titres issus de ses quatre albums et remasterisés pour l’occasion. On y apprécie la variété de son style, cuivres et percussions pouvant danser le boogaloo de Harlem ou la salsa des années 70 avant de partir en impro jazz sur des rythmes afro-caribéens.
Novalima, « Planetario »
Les membres de Novalima se sont toujours joués des frontières aussi bien géographiques (ils ont enregistré leur premier album en étant éparpillés aux quatre coins du monde) que musicales. De même, s’ils aiment à puiser dans l’héritage afro-péruvien, ces Liméniens cosmopolites gardent toujours les yeux braqués sur l’avenir. Enregistré en partie à Bogotá en compagnie de membres de La-33, Planetario intègre des éléments de cumbia et de salsa au mélange déjà fécond de transe electro et de rythmes latins qui a fait la renommée du groupe pour un résultat terrien et futuriste, dansant et psychédélique.
Daymé Arocena, « Nueva Era »
On a déjà dit ici tout le bien que l’on pensait de Daymé Arocena, phénomène de la chanson cubaine révélé cette année par Gilles Peterson. Enfin sorti, l’album Nueva Era confirme l’excellente impression laissée par l’EP. Le choix d’une temporalité à la fois souple et lente, et d’un accompagnement sobre dominé par le piano et les percussions, met en valeur la voix grave et délicatement fêlée de la jeune femme et souligne les fragilités autant que l’exubérance naturelle de son jazz traversé d’invocations aux divinités yorubas.
Bixiga 70, « Bixiga 70 III »
Parfait prolongement d’Ocupai, son précédent opus, le troisième album de Bixiga 70, à paraître en septembre, voit la formation de São Paulo œuvrer encore au rapprochement des côtes américaines et africaines en insufflant toujours plus d’afrobeat à son mélange de jazz et de funk latin. Mais cette fois, empruntant une de ces autoroutes futuristes naguère abandonnées à la jungle, c’est à 200 à l’heure que le groupe nous embarque dans ses virées instrumentales. Le voyage dans cette cinématographie haletante s’avère intense mais jamais éprouvant grâce à une mécanique parfaitement huilée.
Chico Trujillo, « Reina de todas las fiestas »
Leur cumbia, les Chiliens de Chico Trujillo la veulent épicée à toutes les saveurs de l’Amérique latine, semblable à un gigantesque carnaval où, sous les vivats des esprits fêtards et les rires des enfants des rues, passeraient des fanfares colombiennes, des flûtes andines, des accordéons mexicains, des guitares péruviennes et des caisses claires de samba brésilienne. Une cumbia « reina de todas las fiestas », donc, dont on pourra apprécier l’efficacité lors des Escales de Saint-Nazaire, festival qui se tiendra les 7 et 8 août et qui, cette année, programme plusieurs groupes originaires de la ville de Valparaiso, au Chili.
Maité Hontelé, « Te Voy A Querer »
Elle se définit comme « hollandaise de naissance mais colombienne par le cœur » tant est viscérale sa passion pour la musique latine. Après avoir jeté son dévolu sur la trompette, Maite Hontelé est partie vivre à Medellín où, avec son groupe, elle s’applique à donner des couleurs éclatantes aux styles latins un peu passés de mode, le son, le bolero, le cha-cha-cha ou la charanga. Rien d’académique pourtant dans Te Voy A Querer : la blonde a l’élégance de ne pas prendre toute la place et de laisser ses excellents comparses briller à égalité dans un répertoire composé sur mesure par son compagnon, le pianiste Juancho Valencia.
Aquarela, « Outros choros do Brazil »
On oublie vite la pochette peu engageante de Outros Choros do Brazil dès lors qu’on commence à suivre l’évolution du trio Aquarela en terre brésilienne, dans l’exploration de ces choros populaires où, par quelque détours, peuvent surgir des airs de Gainsbourg, Piaf et Jobim. L’étonnement vient surtout d’une combinaison de timbres inédite (le bandolim d’Edu Miranda et la guitare de Tuniko Goulart badinent en compagnie des hautbois et cor anglais de Jean-Luc « Oboman » Fillon), et le plaisir, de l’évidente complicité unissant les musiciens dans un swing malicieux, merveilleux de grâce presque enfantine.
https://soundcloud.com/buda-musique/aquarela-outros-choros-do-brasil
Palenque la Papayera, « Ramón en Palenque »
Dérivées de formations plus élargies, les papayeras sont de petits orchestres populaires qui courent la côte caribéenne de la Colombie pour interpréter, à l’aide de leurs tambours, trombones et trompettes, des airs de porro, de fandango, de cumbia ou de puya. Etablie à Genève, la fanfare Palenque la Papayera restitue l’esprit festif de ce répertoire dans un album chamarré et constamment joyeux, dominé par le sourire épanoui de la chanteuse Monica Prada.
https://soundcloud.com/buda-musique/palenque-la-papayera-ramon-en-palenque
Trio Soleil, « Gammes guadeloupéennes »
Depuis 2002, le trompettiste Franck Nicolas varie les formules et les compagnonnages mais n’approfondit qu’une pensée, la « jazz ka philosophy », union du jazz et du gwo ka guadeloupéen. L’album du Trio Soleil qu’il a formé avec le guitariste Nelson Varas et le batteur Sonny Troupé a été conçu comme une œuvre à la fois musicale, spirituelle et pédagogique. Ses inventions harmoniques s’y déclinent en douze compositions empreintes de poésie et de créolité, suivies d’exemples destinés aux musiciens. Baptisées hibiscus, mangrove, grillons ou papillon, ces gammes guadeloupéennes nous évadent vite du solfège pour nous transporter vers les alizés parfumés des Antilles.
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