Ni pop, ni house, ni electro, le bilan comptable d’une vie de fan de musique. Critique et écoute.
Gourou, fondateur et grande barbe cosmique de l’excellent label Alpage, Vincent Thiérion devient Marklion quand il se fait plaisir tout seul. Et mérite cet égoïsme, après quinze ans de jeu collectif, avec Tone Rec ou Dat Politics. Seul mais pas solitaire : les amis (Cercueil, Rocky, Etienne Jaumet de Zombie Zombie ou les infernaux We Are Enfant Terrible) sont venus ajouter un peu de turbulences à un univers déjà peu porté sur les petites boîtes et les étiquettes Dymo.
Un univers sans doute formé à longueur de MTV et de films de Carpenter en bon enfant eighties, déformé par cette belle manie d’alors de danser – à la New Order – avec le moral sur le dance-floor. Mais la force de Grande Camouflage, c’est justement de ne pas se tenir à des dogmes, des époques ou des genres, mais au contraire de les frotter, façon silex (on n’a pas écrit Skrillex), pour faire des étincelles.
Comme sur le funk rigide et implacable de Let’s Walk & Talk ou sur cette rencontre au sommet entre la house nineties et l’énergie défroquée des jeunes Rocky, qui fait de Listen to C. C. (hommage à Christophe Conte ?) un tel grand fromage comme disent les Anglais – ce qui rime bien avec Grande Camouflage.