La vie d’un homme qui changea de nationalité cinq fois sans bouger de chez lui, par l’auteur de Congo.
Même à pied, la traversée du territoire de Moresnet ne doit pas durer plus d’une heure. Moresnet ? Késako ? Une petite “part de tarte” coincée entre Belgique, Pays-Bas et Allemagne, et dont la neutralité fut sans cesse menacée par ses voisins, Moresnet renfermant en son sein un riche gisement de zinc.
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Cuisinier habile, David Van Reybrouck (auteur du remarqué Congo) assortit l’histoire de cette enclave et le destin d’un autochtone, né Joseph Rixen en 1903 et mort Emil Pauly en 1971. Une embrouille qui tient à son état civil : enfant naturel d’une mademoiselle Rixen, il fut confié à une famille de Moresnet, les Pauly. Cette confusion d’identité n’est que l’écume d’un mélange encore plus trouble.
Le vent de l’humour
Au cours de son existence chahutée par moult guerres, Joseph-Emil changea cinq fois de nationalité sans jamais bouger de chez lui. La vie de ce nomade immobile, européen à sa façon, se lit à l’aune de notre actualité où brame le nationalisme des frontières. Mais cela n’est pas écrit avec lourdeur par Van Reybrouck, dont la plume vole au vent de l’humour.
Ainsi du vagabondage, dont aucun juge à Moresnet ne sut jamais s’il fallait le condamner. La loi disait que oui, mais cette loi (belge) fut abolie. Le droit pensait que non, mais il fut édicté par un pays (l’empire napoléonien) qui n’existe plus. Verdict : une coupable innocence. Ce qui pourrait être la devise de Moresnet, “état” vagabond s’il en est.
Zinc (Actes Sud), 80 pages, 8,50 €
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