Wes Anderson aime les livres. Dans Moonrise Kingdom, son dernier film, histoire d’amour entre deux enfants qui ne trouvent leur place nulle part, la gamine, Suzy (sorte de mix entre une mini-Françoise Hardy sixties et Christina Ricci période Famille Addams), transporte lors de sa fugue une valise pleine de livres. Livres pour enfants aux couvertures […]
Wes Anderson aime les livres. Dans Moonrise Kingdom, son dernier film, histoire d’amour entre deux enfants qui ne trouvent leur place nulle part, la gamine, Suzy (sorte de mix entre une mini-Françoise Hardy sixties et Christina Ricci période Famille Addams), transporte lors de sa fugue une valise pleine de livres. Livres pour enfants aux couvertures bariolées, totalement inventés par Wes Anderson.
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Rien de plus poétique que ces livres qui n’existent pas, histoires mystérieuses dans l’histoire, seuls contrepoints au réel auquel les deux enfants ne parviennent pas à s’intégrer, contrepoints, aussi, au livre métaphore de toute la douleur qu’il y a à être incompris et jugés par ceux qu’on aime – le livre psy que lisent les parents de Suzy, genre “Comment gérer un enfant difficile”. Ce sont justement ces livres que Wes Anderson a choisis de mettre à l’honneur dans le court métrage d’animation qui accompagne le film, où le narrateur, comme par hasard bibliothécaire, les présente un à un.
Parmi eux, un livre écrit par la compagne d’Anderson, Juman Malouf, à qui est dédicacé le film : les déclarations d’amour sont toujours ces sous-titres clandestins qui hantent les films et traversent les livres. Mais au-delà, en filmant cette enfant qui, lorsqu’elle fuit un monde écrasant de prosaïsme dont elle “n’est pas” pour rejoindre la terre vierge de l’aventure, la terre inconnue de l’amour avec un jeune garçon comme elle “exclu”, pense avant tout à remplir sa valise de livres plutôt que n’importe quoi lui assurant une survie, Wes Anderson montre qu’à cet âge la seule survie véritable passe par les livres. Parce qu’ils sont les preuves vivantes qu’il existe une multitude d’autres places dans le monde que celle qui nous est assignée et qui nous fait souffrir parce que l’on ne s’y reconnaît pas. Les clés d’un moonrise kingdom, mis à notre portée.
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