Au début du XXe siècle, Frank King signe Walt & Skeezix, où il raconte avec poésie la banalité du quotidien d’un père et de son fils. Anthologique.
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En raison de ses dimensions – 27 centimètres de large et 36 centimètres de haut –, cet album ne peut se lire de manière désinvolte. Un minimum d’espace autour de soi est nécessaire pour en déployer les splendeurs.
L’aventure des comic strips
Il s’agit aussi d’accorder un peu de respect à un monument de la bande dessinée américaine dont ce livre constitue un élégant échantillon, une reproduction à l’échelle. Pas ici de statue de la Liberté, miniature mais plutôt deux figurines bonhommes, celles d’un père célibataire (Walt) et de son fils adoptif (Skeezix).
Leur aventure éditoriale résume bien comment les comic strips ont trouvé leur place dans la presse américaine au début du XXe siècle.
Une compilation des plus belles planches
Au départ, passionné d’automobile, Walt est le héros de strips modestes en noir et blanc. Puis la série – nommée en VO Gasoline Alley – décolle quand, pour draguer un lectorat féminin, le dessinateur Frank King téléporte dans la vie de ce représentant de la classe moyenne un bébé, déposé un jour devant sa porte.
A partir de 1920, Walt et Skeezix ont droit chaque dimanche à des pleines pages en couleurs. Ce sont ces dernières que cette anthologie réunit ici, compilant les plus belles planches parues entre 1922 et 1934.
Une inventivité graphique qui ravit
Si leur trame reste identique – le père fait découvrir à son fils les joies simples de la vie –, le dessinateur la réinvente avec beaucoup de fantaisie, jouant avec la mise en page ou les couleurs. Se succèdent ainsi au fil des saisons promenades champêtres, fêtes d’Halloween, séances de baignade ou après-midi passés à observer les nuages dans le ciel.
Parfois, comme dans Little Nemo de Winsor McCay, le gag final révèle qu’un des deux personnages principaux était en train de rêver. La série repose sur cette absence de coup de théâtre mais aussi sur l’écoulement du temps : Skeezix grandit devant nos yeux tandis que Walt vieillit.
Plus tard, devenu adulte, le premier participera à la Seconde Guerre mondiale. Cet imposant volume ne va pas jusque-là et propose des merveilles de délicatesse où l’inventivité graphique de King ravit. Il suffit de voir, par exemple, comment, après la visite d’un musée, Walt et Skeezix imaginent le paysage façon cubiste ou expressionniste.
Walt & Skeezix (2024), traduction de l’anglais (Etats-Unis) par Fanny Soubiran, préfaces de Chris Ware et Stéphane Beaujean, 96 p., 35 €
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