Dans un contexte post-attentat, Une fille sans histoire, le premier roman de Constance Rivière, nous parle du désir de s’inventer une existence d’exception, même factice.
Une imposture a priori indéfendable : le lendemain de l’attentat du Bataclan, en novembre 2015, Adèle s’est fait passer pour la petite amie de Matteo, abattu par les terroristes.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le roman s’ouvre sur son procès, et la jeune femme peine à expliquer son geste. Les témoins – un secouriste ou la mère de Matteo – tentent de cerner sa personnalité.
Constance Rivière, ex-conseillère de François Hollande chargée de la Culture et de la Citoyenneté, a connu de près l’événement qu’elle reconstitue ici.
Sortir de l’anonymat à n’importe quel prix
Le choix de cette héroïne affabulatrice lui permet de l’aborder d’une façon légèrement décentrée. Au-delà de l’attentat lui-même et du bouleversement qu’il a provoqué au sein de la population, l’autrice nous parle de la solitude moderne, celle de son personnage perdu dans Paris, qui soudain, et par hasard, trouve un moyen d’exister aux yeux des autres.
Le texte montre aussi comment Adèle est prise dans un engrenage dont elle ne parvient pas à s’extraire, se révélant en pasionaria de la cause des victimes.
Ce faisant, Constance Rivière analyse finement, dans ce premier roman, l’attrait des médias et le besoin de sortir de l’anonymat à n’importe quel prix, et réussit à mettre en scène un personnage plein d’ambiguïtés, tour à tour émouvante jeune femme fragile et manipulatrice en quête de visibilité.
Une fille sans histoire (Stock), 144 p., 17,50 €
{"type":"Banniere-Basse"}