Cette fausse biographie du peintre espagnol le montre en train de trafiquer sa propre vie.
Lui qui voyait Guernica comme un « instrument de guerre » n’a jamais eu d’autre arme dans les mains qu’un pinceau. Et justement, Picasso regrette de ne pas avoir donné de sa personne pendant la guerre civile espagnole.
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Pour remédier à ce manque, en 1953, il fait venir dans son atelier de Vallauris, Francisco Torres, un de ses compatriotes. Son but : qu’ils conçoivent ensemble une bande dessinée racontant sa participation – fictive – à la bataille de l’Ebre.
En imaginant la rencontre entre son propre alter ego et le peintre, Daniel Torres est pris en flagrant délit de mythomanie mais n’éprouve aucune culpabilité. Illustrant une citation de Picasso – « tout ce qui peut être imaginé est réel » –, il ajoute à la biographie de celui-ci un épisode bidonné et passionnant.
Facilitée par une élégante ligne claire digne de Floc’h, sa supercherie touche même au sublime au milieu du livre. La mise en abyme prend alors tout son sens avec, exposé devant nos yeux incrédules, l’album dessiné par le pseudo Francisco Torres. Conseillé à celles et ceux que la tendance lourde du biopic rend allergiques.
Picasso s’en va-t-en guerre (Delcourt), 144 p., 23,95 €
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