Ce mardi 23 mai à Londres, le romancier bulgare Guéorgui Gospodinov et sa traductrice Angela Rodel, ont remporté le prix de le Booker International Prize.
Le Booker International Prize vise à récompenser annuellement un roman étranger traduit en anglais et à mettre en valeur le travail des traducteur·rices. Cette année, Guéorgui Gospodinov et son interprète Angela Rodel se partagent le trophée grâce au livre Time Shelter, Le Pays du passé en français. L’écrivain aborde le sujet de la maladie de l’Alzheimer à travers une histoire dystopique.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
“Que nous arrive-t-il quand nous perdons nos souvenirs ?”
Une “clinique du passé” dédie une cure prometteuse aux personnes atteintes d’Alzheimer. Chaque étage de l’établissement dépeint minutieusement l’atmosphère d’une décennie, transportant donc les patients dans le passé, pour leur offrir la possibilité de récupérer la mémoire (un peu Eternal Sunshine of the Spotless Mind mais en sens inverse). Mais alors que l’antérieur commence à envahir le présent, la dystopie s’entame…
Cette histoire a conquis la présidente du jury, Leïla Slimani, qui a salué l’ouvrage de “roman brillant”, “plein d’ironie et de mélancolie”. Elle a ajouté auprès des journalistes qu’il s’agissait d’“une œuvre très profonde qui aborde une question très contemporaine : que nous arrive-t-il quand nous perdons nos souvenirs ?”
La traduction placée sur un pied d’égalité avec l’écriture
Le Booker International Prize veut placer en avant le travail des traducteur·rices, souvent dans l’ombre des écrivain·es. Pour ce faire, la somme d’environ 56 000 euros que remporte le roman élu est divisée en deux. Une moitié pour l’homme ou la femme de lettres, l’autre pour le ou la passeur·se de mots. Guéorgui Gospodinov a donc partagé sa récompense avec sa traductrice Angela Rodel, qui pense qu’ “Il faut non seulement accorder la reconnaissance aux traducteur·ices, mais aussi les mettre sur un pied d’égalité avec l’auteur, il s’agit d’un processus créatif”. L’écrivaine franco-marocaine présidente du jury, Leïla Slimani, a félicité la traductrice qui “parvient brillamment à restituer le style et la langue de l’auteur, pleine de référence et profondément libre”.
Un romancier majeur en Bulgarie
D’origine bulgare, Gospodinov doit le début de sa notoriété à sa poésie. Il s’est ensuite très rapidement affirmé en tant qu’artiste postmoderne avec son Roman Naturel, adapté dans de nombreuses langues. Il est aujourd’hui considéré comme un romancier contemporain majeur en langage bulgare et s’inscrit comme l’écrivain de son pays le plus traduit : ses ouvrages ont été retranscrits en 25 idiomes. C’est la première fois que le Booker International Prize récompense un auteur d’origine bulgare. Les récompensé·es des années précédentes sont l’Israélien David Grossman, la Polonaise Olga Tokarczuck, l’Indienne Geetanjali Shree, le Français David Diop ou encore la Sud-coréenne Han Kang.
{"type":"Banniere-Basse"}