Des hommes et des femmes fuient la France de Vichy en bateau. Un récit entre archives et notes plus personnelles.
En préambule de Capitaine, cette citation de Leibniz : “Nous ne pouvons connaître le goût de l’ananas par le récit des voyageurs.” L’auteur de Constellation (2014) explique comment cette phrase le hante depuis des années, à tel point qu’il l’afficha au-dessus de son bureau, à côté d’une vieille carte postale du Capitaine-Paul-Lemerle, le bateau sur lequel fuirent en 1941 les réprouvés de la France de Vichy : républicains espagnols, Juifs, apatrides, écrivains surréalistes, artistes.
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C’est l’aventure de ces exilés, perdus entre l’Europe et l’Amérique, qu’il retrace ici ; les vies en suspens de Victor Serge, Wifredo Lam, Claude Lévi-Strauss et d’autres. Une communauté de destins, solidaire en dépit des différences de classe, de langue, de valeurs. Au pathos que pourrait appeler la situation, Bosc préfère la précision, la délicatesse dont on fait preuve à l’égard de ceux quel’on admire.
Sa force tient enfin dans ce mélange audacieux, fécond, de récit historique s’appuyant sur des archives avec des réflexions personnelles et même une part de fiction, nécessaire pour saisir son sujet. Si l’on ne peut connaître le goût de l’ananas grâce aux voyageurs, il reste la possibilité de l’imaginer.
Capitaine (Stock) 400 p., 22 €
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