Autour d’une jeune femme hôte de plusieurs identités, les Anglais John Harris Dunning et Michael Kennedy bâtissent un passionnant thriller aux allures de poupée russe.
Amoureux, réalisateur couru de pubs, de clips musicaux, et bientôt (il l’espère) de longs métrages, Adam mène une vie qui devrait le satisfaire. L’absence de contrariétés – symbolisée par des vacances estivales sous un soleil de plomb et face à une mer bleue – finit pourtant par le détraquer. Lui qui, à la fac, rendait hommage à Burroughs et Cobain en prenant de l’héroïne reste attiré par le chaos.
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L’apparition dans une soirée londonienne de la magnétique Morgane lui donne l’espoir d’une nouvelle aventure intense, espoir douché quand la jeune femme, croisée peu de temps après dans la rue, ne le reconnaît pas et affirme se prénommer Leila. Au même moment, la première victime d’une série d’assassinats est découverte dans un parc…
Ce livre séduit d’abord par le trait précis de Michael Kennedy, son encrage très roman noir et son utilisation audacieuse des couleurs
Tension psychologique et cadrages du thriller
Avec son découpage classique, souvent de six cases, Tumulte prend son temps pour camper ses personnages (Adam mais aussi Marek, le colocataire cinéphile, spécialiste des films d’action des eighties). Il installe une vraie tension psychologique tout en multipliant des digressions qui ne se révèlent jamais gratuites. Marchant dans les pas de la romancière Patricia Highsmith – le clin d’œil de la première séquence à la Méditerranée –, ce livre séduit d’abord par le trait précis de Michael Kennedy, son encrage très roman noir et son utilisation audacieuse des couleurs. Ce jeune dessinateur de Birmingham maîtrise le langage graphique et les cadrages du thriller avec l’assurance de Charles Burns (Toxic) ou de Jacques de Loustal.
https://www.calameo.com/books/00266568447b94d654c75
L’intrigue écrite par John Harris Dunning se met en place, avec un mélange de savoir-faire et de folie, autour d’un thème captivant dont on découvre petit à petit les couches et les implications : le trouble dissociatif de l’identité. Pour coller à son sujet, ce récit gigogne touchant à la science-fiction ne s’endort dans aucune routine. Ainsi, des planches viennent planter les graines du trouble et faire dérailler temporairement une mécanique que l’on croyait jusque-là implacable. A la fois classique et original, Tumulte témoigne du renouveau de la scène britannique après l’émergence d’Isabel Greenberg ou d’Alexis Deacon.
Tumulte (Presque Lune), traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Renaud Cerqueux, 184 p., 25 €
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