Claude Allègre adulé des médias, décrié par la quasi-totalité des spécialistes du climat est omniprésent. Comme le souligne L’imposteur, c’est lui, essai vif du journaliste scientifique de Libération Sylvestre Huet, Allègre dit n’importe quoi tout en endossant les habits du paria, stratégie classique de tout imposteur.
Son omniprésence dans l’espace public fait qu’on finit par prendre Claude Allègre au sérieux. Elle est d’une certaine manière le signe, aussi grotesque qu’implacable, de sa puissance.
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Le bouffon adulé des médias, décrié par la quasi-totalité des spécialistes du climat, s’est démené pour que sa parole circule et entre dans le débat sur le réchauffement climatique. On l’écoute, on l’invite, on lui déroule le tapis rouge dans les émissions et dans les news magazines. Autant qu’Eric Zemmour et Jacques Séguéla, il fait partie du décor télévisuel familier, où plus on énonce des théories débiles avec aplomb et arrogance, plus on vous réinvite.
Comme le souligne L’imposteur, c’est lui, essai vif et percutant du journaliste scientifique de Libération Sylvestre Huet, Allègre dit n’importe quoi tout en endossant les habits du paria, stratégie classique de tout imposteur. Pas grave : il anime les plateaux endormis et crée avec ses chiffres fumeux et ses connaissances approximatives l’illusion d’une vraie querelle scientifique.
Sa présence permanente ne tient pas seulement à ses affinités avec des directeurs de journaux et des présentateurs, elle relève aussi de son statut de “bon client”. Claude Allègre fait le show : peu importe les inepties qu’il profère ou les insultes qu’il lance aux scientifiques “mafieux” du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), seuls comptent les échos de sa mauvaise foi.
Sylvestre Huet démonte un par un ses arguments fondés sur le bon sens populaire (il a fait froid cet hiver…) et son manque de rigueur confondant, qui construisent des mythes (on ne peut pas mesurer la température de la Terre, la Terre se refroidit depuis dix ans…). La posture d’Allègre est pour l’auteur un modèle d’“imposture”.
“Totale, brutale, scandaleuse, inexcusable. Elle ne fait aucun doute dans les laboratoires de science du climat. Sa brutalité est telle qu’elle paralyse la plupart des scientifiques, incapables de se confronter au mensonge sans scrupule sur leur terrain.”
L’imposture Allègre est aussi une posture médiatique : celle qui consiste à substituer à la connaissance scientifique portée par des inconnus du grand public (Solomon, Stocker, Jones ou Bard) l’obscurantiste spectacle de la bêtise.
Photo : Reuters/Benoit Tessier
L’imposteur, c’est lui, réponse à Claude Allègre, de Sylvestre Huet (Stock), 188 pages, 12 €
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