Inédites en France, ces histoires rappellent combien cet auteur japonais, déjà responsable de chefs-d’œuvre érotiques et adultes, a dynamité, à jamais, le manga.
Mort à 45 ans en 1986, Kazuo Kamimura est un auteur à qui vouer un culte est tout à fait raisonnable. Avec son style reconnaissable à la moindre case – toutes sont ouvragées comme des petits tableaux –, il a contribué à faire grandir le manga en abordant des sujets adultes, comme l’érotisme ou le tabou du divorce dans les années 1970 (Le Club des divorcés).
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Sa mise en scène, entre gros plans poétiques et panoramiques explicites, métaphores et explosions graphiques, fait naître tension et empathie.
Récits rares
Dans ces trois longs récits inédits datant de 1976-1977, Kamimura revisite le folklore japonais traditionnel, comme Oiwa de l’année du rat déjà illustré par Hokusai. Il raconte le destin de femmes trahies ou vengeresses, ce qui pourrait rappeler son chef-d’œuvre conçu avec Kazuo Koike, Lady Snowblood, qui inspira Kill Bill à Tarantino. Sauf qu’ici, les histoires prennent la forme de contes fantastiques érotiques.
Ainsi, dans Les Seins d’Okise, l’héroïne, délaissée par son mari ornithologue, finit par le tromper jusqu’à ce que ce dernier dresse un oiseau pour la tuer. Dans Un chant pathétique du Tsugaru, la tempête se déchaîne, à la hauteur de la violence dont est victime Onami, une goze – une musicienne aveugle –, avant le retournement de situation et la chute. Avec plusieurs pages en couleurs magnifiques, ces Treize Nuits de vengeance mêlent horreur et passion pour un résultat admirable.
Treize Nuits de vengeance, tome 1 de Kazuo Kamimura (Kana), traduit du japonais par Jacques Lalloz, 592 p., 18,50 €. En librairie.
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