Les tranches de vie de Derf Backderf à hauteur de poubelles.
Juste après avoir côtoyé le serial-killer Jeffrey Dahmer jusqu’à la fin du lycée (ce qu’il a raconté dans le glaçant Mon ami Dahmer), l’Américain Derf Backderf a été éboueur pendant un an. Une expérience de jeunesse dont il s’est servi pour Trashed qui embrasse avec franchise et sans déodorant son sujet nauséabond – nos déchets. Au fil des saisons, on suit ainsi les tournées de J.B. et de ses potes, philosophes juchés sur leur camion-poubelle, dans les rues d’un village de l’Ohio.
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Cette routine a priori pas très groovy, le dessinateur parvient, avec son trait vif et clair, à la rendre dynamique et séduisante à l’œil. Au-delà de la gratinée galerie de personnages, les anecdotes aussi drôles qu’instructives – les bouteilles d’urine jetées par les camionneurs speedés – nous placent tout près du “trou du cul du libéralisme”. A la fois fiction, tour de force et avertissement lancé avec le bénéfice du vécu, cet album prouve une nouvelle fois que Backderf, devenu auteur sur le tard, possède une voix vraiment singulière.
Trashed (Editions Çà et là), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Philippe Touboul, 240 p., 22 €
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