Dans “Colonne”, l’auteur et éditeur continue d’explorer l’Histoire à travers le parcours de ces deux figures connu·es engagé·es dans la guerre d’Espagne.
“En août 1936, écrit Adrien Bosc en préambule de Colonne, son troisième roman, au début de la guerre d’Espagne, la philosophe Simone Weil, âgée de vingt-cinq ans, rallie les Brigades internationales au sein de la colonne Durruti sur le front d’Aragon.” L’auteur de Constellation part de cet épisode décisif de l’existence de l’écrivaine, pourtant passé sous silence par elle-même, pour des raisons que son livre tâche d’élucider.
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Toujours aussi rigoureux, pour un roman plus concis, percutant et incisif que les deux précédents, Bosc décrit en historien les rares notes, correspondances et archives qui lui permirent de remonter la piste de son personnage. Mais c’est par les descriptions qu’il restitue l’effroi, la sidération et l’absurdité des champs de bataille. Moins Stendhal du Rouge et le Noir que cinéaste ou photographe des atrocités du XXe siècle, il évoque autant Allemagne année zéro de Rossellini que les images du front prises par la photographe américaine Lee Miller.
Lui aussi sombrera, tout comme Simone Weil, dans la désillusion et aura le courage de dévoiler les méfaits de ceux auprès desquels il s’est battu
C’est aussi l’atmosphère joyeuse, foutraque, des compagnons de route de cette fameuse colonne que Bosc retranscrit. Ces Français·es engagé·es aux côtés des rebelles anarchistes ou communistes contre Franco. Une seconde partie du livre est construite comme une sorte de négatif de la première, qui décrit à peu près les mêmes événements mais depuis le camp opposé, soit du point de vue de l’écrivain catholique et soutien dans un premier temps de Franco, Georges Bernanos.
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Lui aussi sombrera, tout comme Simone Weil, dans la désillusion et aura le courage, dans son livre réquisitoire Les Grands cimetières sous la lune, de dévoiler les méfaits de ceux auprès desquels il s’est battu. La philosophe ne crut plus bientôt à la victoire des républicains – “y avait-elle jamais cru, écrit Bosc. Elle restait fidèle à un principe dont elle excluait l’idée même d’efficacité : toujours rallier le camp des vaincus”.
Colonne d’Adrien Bosc (Stock), 120 p., 17 €. En librairie le 5 janvier.
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