Après l’ombre des marges urbaines, l’écrivain renouvelle sa poésie en fixant la sensualité de mois solaires.
Deux ans à peine après l’ombrageux Nous sommes maintenant nos êtres chers (Allia, 2020), Simon Johannin creuse le sillon poétique qui l’a vu naître en littérature en offrant à nouveau cent pages de vers libres.
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Héraut géant à boucle d’oreille d’une jeunesse périurbaine aux nuits stroboscopiques, précipité au centre d’un faisceau médiatique après deux romans affolants – L’Été des charognes (Allia, 2017, réédité ce printemps) puis Nino dans la nuit (Allia, 2019, coécrit avec sa femme Capucine) –, il couchait à la ligne la fascinante et belle noirceur des marges, le halo hypnotique de “la chaleur étouffante de certaines nuits et des lumières qui maquillent la peine”.
La plume du Tarnais devenu marseillais répond aujourd’hui par des flashs aux élans doux
Désormais apaisé, loin du macadam parisien, à flanc de Méditerranée, il livre La Dernière Saison du monde, nouveau recueil bercé de lumière, de sensualité et d’invitations à voguer. Aux stupéfiants démons d’hier, la plume du Tarnais devenu marseillais répond aujourd’hui par des flashs aux élans doux, échos d’une intimité où se mêlent “l’or qui coule au matin sur les feuilles du palmier”, “les virages de ces corps qui composaient des nuits”, “le chuchotement du sel”.
Après l’adrénaline et l’intranquillité de l’âge des ombres et des fêlures, la poésie du presque trentenaire s’envisage comme “le sauvetage de matières invisibles et précieuses, volatiles, pouvant disparaître à chaque instant”, et semble cette fois vouloir fixer les fragments et les formes d’une félicité solaire, charnelle et salvatrice.
La Dernière Saison du monde de Simon Johannin (Allia), 104 p., 10 €. En librairie le 5 mai.
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