Léopold Prudon propose avec Shanghai Chagrin une visite de la ville chinoise doublée d’une émouvante BD sur la perte du père.
“Je n’ai plus comme pays que moi-même. Et ce pays lui-même m’est étranger.” En octobre 2017, Léopold Prudon perd son père, l’écrivain Hervé Prudon, et décide de s’installer pendant un an à Shanghai. L’architecture gigantesque, les paysages urbains dans lesquels se perdre, les reflets d’une tour dans une étendue d’eau, une rose dans une bouteille en plastique…
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De son trait précis, jouant avec les masses de noir et de blanc, le dessinateur s’efforce d’explorer et de cartographier cette terre d’asile temporaire. Shanghai Chagrin n’a pourtant rien d’un carnet de voyage. Pour l’auteur, il s’agit d’une reconstruction, voire d’une réinvention. La ville chinoise, qui lui est inconnue, devient le théâtre de ses déambulations et de ses ruminements.
Les habitant·es, et même les poissons dans leur aquarium, sont sans le savoir des comédien·nes à qui il prête des répliques parfois absurdes – “je n’ai connu que des hommes à cordes alors que je préférais les cuivres”, fait-il dire à une dame assise sur un banc. Sur une saisissante séquence nocturne où il joue avec les enseignes lumineuses des commerces, il plaque un poème d’Edmond Jabès, cite plus loin Apollinaire ou son père. Un livre révélation, paradoxalement plein de vie.
Shanghai Chagrin (L’Association), 144 p., 17€
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