Avec l’épopée sanglante de John Glanton, bandit tristement célèbre de l’Ouest américain, Hugues Micol signe un récit d’une sidérante fureur graphique.
Eclaireur pour l’armée puis membre des Texas Rangers pendant les guerres opposant Américains et Mexicains pour la possession du Texas entre 1835 et 1848, John Glanton s’est illustré par son comportement cruel et sans pitié, tuant ceux qui se mettaient en travers de son chemin.
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Attiré par le goût de l’argent et du sang, il sema ensuite la terreur sur la route de la Californie, à la tête d’une bande de ruffians sans foi ni loi. Payé au scalp par des officiels mexicains pour tuer des Apaches, il fit un massacre. Il fut à son tour assassiné par des Indiens dont il avait accaparé le lucratif travail de passeurs sur le Colorado – qui lui avait permis au passage de dépouiller et tuer les voyageurs.
Hugues Micol démythifie le héros traditionnel de western
Il y a quelques années, Cormac McCarthy avait déjà fait figurer ce sinistre personnage dans son roman Méridien de sang. Hugues Micol raconte aujourd’hui son épopée sanglante. Mais qu’est-ce qui vaut que l’on s’attache à dépeindre un tel personnage ?
A travers son récit, Hugues Micol démythifie le héros traditionnel de western et expose des recoins peu reluisants et peu connus de l’histoire des Etats-Unis. Il montre toute la sauvagerie de la conquête de l’Ouest, la bestialité des exécutants, la cruauté des militaires et des dirigeants qui non seulement acceptent mais encouragent toutes violences si elles servent leur intérêt – les supérieurs de Glanton tolèrent ses meurtres parce qu’il leur est utile ; l’armée US massacre les immigrés européens combattant pour le Mexique ; les gouverneurs mexicains commanditent la tuerie des Apaches…
Le trait est noir, à la fois sec et charbonneux
Glanton est aussi le véhicule idéal pour laisser libre cours à une frénésie créatrice et s’interroger sur la représentation de la violence. La dureté et la noirceur des dessins d’Hugues Micol fait écho à la brutalité des mots qu’utilisait Cormac McCarthy pour dépeindre tant de cruauté.
Il transcrit la folie meurtrière de son personnage – qu’il représente les yeux vides et froids – par une sidérante fureur graphique. Les planches sont intenses, truffées de détails, le trait est noir, à la fois sec et charbonneux, mauvais.
Il compose certaines pages comme des tableaux où les corps s’enchevêtrent, où les ciels menaçants annoncent le châtiment à venir – rappelant les gravures les plus sombres et guerrières de Dürer ou de Gustave Doré, ou les représentations classiques du Jugement dernier. De véritables visions d’apocalypse, qui ne cèdent jamais au spectaculaire mais glacent incontestablement les sangs.
Scalp (Futuropolis), 192 pages, 28 €
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