Portrait transgressif d’une génération démunie.
Les comics se font rares en dehors des Etats-Unis. Ceux de qualité encore plus. Voilà pourquoi Rocky apparaît comme un cas quasi unique de réussite – d’autant que l’auteur vient de Suède, pays à faible culture BD. Sous l’influence probable du Fritz the Cat de Robert Crumb, Martin Kellerman a brossé, à la fin des années 1990, le portrait assez juste d’une époque et d’une génération démunie, un peu paumée, qui ne pense qu’à faire la fête et à se taper des gonzesses.
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Si la caractérisation animalière et le trait à la plume un peu punk rappellent à l’évidence l’imagerie de Crumb, c’est surtout la désinhibition du propos qui renvoie au plus transgressif des auteurs underground américains. Martin Kellerman construit en effet son humour sur des dialogues ciselés, mais plus encore sur la franchise brutale avec laquelle il exprime ses pulsions sexuelles, son cynisme désespéré et son avis sur tout. Lire Rocky, c’est s’adjoindre un nouvel ami loser, de ceux qu’on adore détester.
Rocky de Martin Kellerman (Editions Huber), traduit du suédois par Aude Pasquier, 256 pages, 26,90 €
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