Une bal(l)ade critique à travers Paris sous le signe de Charles Trénet, mais sans nostalgie déplacée.
Depuis son ouvrage précédent, on savait que Claude Eveno avait “l’humeur paysagère”. Cette fois, c’est Paris qui sert de paysage à son humeur. Bonne humeur lorsqu’il divague façon Charles Trenet dont une des ritournelles, Revoir Paris, donne son titre au livre.
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Les Halles, “dernier avatar du marché de la médiocrité”
Mauvais poil et même pétard politique, quand il se navre des catastrophes urbanistiques qui ravagent la capitale. S’il esquive la tour infernale (Montparnasse), il ne rate pas le quartier de la place d’Italie, “le grand échec”, ni les Halles, “dernier avatar du marché de la médiocrité”. Et de griffer au sang le mentor subliminal de tous ces architectes qui s’échinent à bousiller la ville : Le Corbusier et ses rêves inquiétants de “pureté urbaine”.
Eveno ne sombre pas pour autant dans l’idéologie du “c’était mieux autrefois”. Ses quinze voyages de quelques jours chacun (deux jours pour le seul jardin du Luxembourg) sont une balade urbaine au sens où Walter Benjamin l’entendait : “Ne pas trouver son chemin dans une ville, ça ne signifie pas grand-chose. Mais s’égarer dans une ville comme on s’égare dans une forêt demande toute une éducation.”
A cette école buissonnière, Evenot privilégie “les différences enchâssées” : coins de gare, recoins de rue. Mais Revoir Paris est aussi une ballade au sens troubadour du terme, plus que jamais à l’écoute du cher Trenet : “Quelle joie inouïe/D’aller ainsi au hasard.”
Revoir Paris de Claude Eveno (Christian Bourgois), 352 pages, 18 €
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