Dire que l’on se plaignait, il y a quelques années, de l’overdose de romans introspectifs, où les auteurs racontaient leur vie, plus particulièrement leur vie amoureuse, en travestissant à peine les noms des protagonistes, tout en réglant, au passage, quelques comptes !
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Cette rentrée, les écrivains semblent avoir rompu le fil qui les reliait à eux-mêmes pour se brancher uniquement sur celui de l’actualité, comme si les idées de romans ne se ramassaient plus qu’en regardant les journaux télévisés. Du printemps arabe chez Mathias Énard à la révolution internet et un personnage inspiré du patron de Free chez Aurélien Bellanger ; de DSK dans le roman (grotesque) de Stéphane Zagdanski à François Hollande et tout le PS dans celui de Laurent Binet ; d’un trader dans un premier roman à des personnages « réels » un peu partout, des stars hollywoodiennes chez Chuck Palahniuk à Mitterrand et autres figures des années 70-80 chez Anne Berest. Et puis l’actualité d’hier, c’est-à-dire l’histoire : la guerre, qu’elle soit d’Algérie ou de 14.
« Rendez-nous l’intime ! » a-t-on envie d’hurler face à cette déferlante de livres à « sujet ». Car c’est cela le risque, à trop vouloir s’emparer de l’actualité : pondre un texte désincarné où l’on aura mis autant d’esprit de sérieux que peu de soi-même. Ceux qui n’ont pas envie de lire l’extension romanesque de tout ce qu’ils ont lu dans la presse quelques mois plus tôt se rabattront sur le Santiago Amigorena, le Cécile Guilbert ou le nouveau Christine Angot.
Comment vivre avec l’autre quand il manque ou quand il est par trop présent? Des questionnements qui n’en finissent pas de nous travailler et nous travailleront à vie. L’enfer, c’est les autres. Parfois, le paradis aussi. Jamais l’intime n’est nombriliste : il traite toujours de notre confrontation avec cet autre éternellement problématique.
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