Première partie de notre sélection des 45 livres à ne pas manquer. Au programme de cet excellent cru, l’amour (toujours), les conflits du monde, le surnaturel et premiers chapitres à lire.
Christine Angot, Un amour impossible (Flammarion)
L’histoire de la mère de Christine Angot, c’était peut-être ce qui finissait par devenir l’angle mort de son œuvre. Elle lui consacre enfin un roman d’une puissance impressionnante. L’amour impossible du titre, c’est celui qui lie sa mère et son père. Mais peut-être aussi l’amour entre la mère et la fille.
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Simon Liberati, Eva (Stock)
Liberati signe son cinquième roman, le magnifique Eva, consacré à Eva Ionesco, autour de la magie du destin. Le plus beau texte de cette rentrée.
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Alain Mabanckou, Petit Piment (Seuil)
Retour à Pointe-Noire pour l’écrivain franco-congolais. A travers le personnage de Petit Piment, un jeune orphelin placé dans une institution aux mains du terrible Dieudonné Ngoulmoumako, Alain Mabanckou revisite la République du Congo des années 70, celle qui servait déjà de toile de fond à nombre de ses romans (Demain j’aurai vingt ans, Lumières de Pointe-Noire). L’itinéraire chaotique du héros épouse les soubresauts du pays en pleine révolution socialiste. Un roman initiatique et politique.
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Laurent Binet, La Septième Fonction du langage (Grasset)
Scoop : la mort de Barthes n’était pas un accident, mais un meurtre. A partir de cette idée saugrenue, Laurent Binet imagine un métapolar politico-linguistique à la Umberto Eco, avec Deleuze, Foucault, Sollers et Mitterrand en guest-stars. Erudit et déjanté. Un régal.
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Paul Beatty, Moi contre les Etats-Unis d’Amérique (Cambourakis)
Volontiers provocateur, le romancier américain, auteur d’American Prophet, frappe encore plus fort avec ce nouveau livre qui est tout sauf politiquement correct. Un jeune Afro-Américain se retrouve devant la Cour suprême des Etats-Unis. Son crime : avoir rétabli l’esclavage dans son comté natal pour relancer l’économie. La prose slammée et percutante de Paul Beatty, qui fut l’élève d’Allen Ginsberg, est toujours aussi efficace. Un roman qui résonne particulièrement, alors que le mythe d’une Amérique postraciale s’effondre chaque jour un peu plus.
Tristan Garcia, 7 (Gallimard)
Une drogue qui permet de retrouver sa jeunesse, de mystérieux rouleaux de bois qui contiennent la musique de l’avenir, une top model au visage inaltérable, des extraterrestres… 7 comporte sept histoires a priori sans lien, mais des motifs les assemblent peu à peu, des thèmes les unissent : le temps, la nostalgie, la fin des illusions. Une nouvelle percée envoûtante du côté du fantastique pour Tristan Garcia.
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David Foster Wallace, L’Infinie Comédie (Editions de l’Olivier)
Près de vingt ans après sa parution aux Etats-Unis, le chef-d’œuvre postmoderne de Foster Wallace, suicidé en 2008, arrive enfin en France.
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Boualem Sansal, 2084 (Gallimard)
Le totalitarisme a changé de visage mais ses méthodes sont toujours les mêmes. Dans l’immense empire imaginaire de l’Abistan, les habitants sont constamment sous surveillance, soumis à la loi d’un dieu unique, Yölah, représenté sur terre par le prophète Abi surnommé “Bigaye”. Avec ce roman en forme de dystopie, Boualem Sansal offre une version contemporaine du chef-d’œuvre d’Orwell, un 1984 à l’heure de la résurgence des fanatismes religieux. “Une œuvre de pure invention”, ironise l’écrivain dans l’avertissement.
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Monica Sabolo, Crans-Montana (JC Lattès)
Elle nous avait séduits avec Tout cela n’a rien à voir avec moi en 2013. Le charme opère à nouveau dans Crans-Montana, roman à l’élégance vintage. Dans les années 60, un groupe de jeunes garçons est subjugué par trois adolescentes qu’ils croisent chaque année dans la très chic station de ski de Crans-Montana, en Suisse. Chris, Charlie et Claudia forment un trio mystérieux, inaccessible, qui fascinera toute leur vie leurs admirateurs. Monica Sabolo décrit les jeunes filles comme Sofia Coppola les filme. Avec beaucoup de grâce.
James Kelman, Si tard, il était si tard (Métailié)
Un sans-abri, Sammy, se réveille dans la rue, très mal en point : on lui a subtilisé ses chaussures contre de vieilles baskets, et il s’aperçoit qu’il est aveugle. La suite : passage à tabac, séjour en prison et errance hallucinée dans la ville. Ce roman de l’Ecossais James Kelman, qui a obtenu le Booker Prize en 1994, est une descente aux enfers écrite dans une langue crue et désespérée, qui rappelle Bukowski ou encore l’enfer urbain de Last Exit to Brooklyn d’Hubert Selby Jr. transposé à Glasgow. Monologue paranoïaque et de survie, il donne à lire un roman de la marge, puissant et enragé.
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Dinaw Mengestu, Tous nos noms (Albin Michel)
Isaac fuit la guerre qui ravage son pays, l’Ouganda, pour trouver refuge au fin fond de l’Amérique du Midwest. Lorsque Helen, assistante sociale, s’éprend de lui, les masques tombent. Le passé du jeune homme ressurgit, entre les massacres effroyables auxquels il a assisté et son amour refoulé pour cet homme qui lui donna son nom. Avec ce troisième roman aussi violent que magnifique, Dinaw Mengestu confirme qu’il est un auteur important de la littérature américaine contemporaine.
Denis Lachaud, Ah ! Ça ira… (Actes Sud)
Les personnages s’appellent Robespierre, Saint-Just ou encore Marat. Ils décident d’en finir avec le pouvoir corrompu. Nous ne sommes pas en 1789, mais en 2037. Le roi a cédé la place à un président qui en conserve les prérogatives. En transposant la Révolution dans un futur qui ressemble à tout ce que notre présent a de pire – problèmes de logement, inégalités insoutenables –, Denis Lachaud, auteur et metteur en scène, interroge la pertinence de la violence politique aujourd’hui.
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Toni Morrison, Délivrances (Christian Bourgois)
Pour son onzième roman, Toni Morrison tresse une histoire d’aujourd’hui et s’attaque frontalement à la question de la couleur de peau. Délivrances évoque les épreuves rencontrées par Bride, bébé trop noire au goût de sa mère, une “mulâtre au teint blond”. Ce faisant, l’auteur récompensée par les prix Nobel et Pulitzer met à jour un pays toujours enlisé, comme on l’a vu dans l’actualité récente, dans ses luttes interraciales mais aussi ses affaires de pédophilie. Et conte le destin d’une femme affranchie par ses amours et son travail dans une entreprise de cosmétique. Un excellent Morrison pas tout à fait au niveau de Beloved ou Home.
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Laird Hunt, Neverhome (Actes Sud)
A mesure qu’il se déploie, l’univers de l’Américain Laird Hunt se singularise somptueusement : après l’étrange New York n° 2, sur des rituels macabres à Manhattan, et Les Bonnes Gens, récit d’une vendetta d’esclaves sur leurs maîtres blancs, Neverhome creuse le même sillon historique (la guerre de Sécession) dans un roman picaresque centré sur une héroïne androgyne. Après avoir pris l’identité du mari, celle-ci part au front, la fleur au fusil – “un Springfield 1861 à percussion” – pour subir toutes les avanies de l’armée. Un roman de guerre queer au souffle poétique.
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Mary Dorsan, Le présent infini s’arrête (P.O.L)
Sans doute l’une des expériences de lecture les plus puissantes de la rentrée. Le présent infini s’arrête est le premier livre d’une infirmière psychiatrique. Elle y raconte dans les moindres détails la vie au sein d’un appartement thérapeutique qui accueille des jeunes au bord de la folie, issus de familles éclatées ou exclus de la société. Le lecteur se retrouve enfermé avec ces adolescents, mais aussi avec les soignants qui les prennent en charge. Une immersion totale dans un univers violent, étouffant, mais aussi profondément émouvant, que l’on préfère souvent ignorer.
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Colombe Schneck, Sœurs de miséricorde (Stock)
Dans Mai 67, Colombe Schneck retraçait une histoire d’amour de l’icône des sixties Brigitte Bardot. Cette fois, elle s’intéresse au destin d’une inconnue : Azul, une Bolivienne qui a tout laissé derrière elle – pays, enfants, mari – pour devenir femme de ménage en France. Un de ces êtres dont l’existence reste dans l’ombre. C’est tout le mérite de Colombe Schneck que de mettre en lumière cette “vie minuscule” dans un livre très empathique entre le roman et l’enquête. On regrette cependant une construction un peu bancale.
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Deepti Kapoor, Un mauvais garçon (Seuil)
Dans ce premier roman, Deepti Kapoor, ancienne journaliste à New Dehli, suit la trajectoire d’une fille de 20 ans initiée au sexe, à l’alcool et aux drogues par un vieux beau ténébreux. Même si le Vogue américain évoque L’Amant de Duras, on songe, ici, plus au réalisme magique d’un Salman Rushdie avec ce portrait d’une métropole enfiévrée où voisinent quartier musulman, foule, mausolée, scène de transes, hermaphrodites, défilé de travailleurs et gargote à whisky. Un teen novel incandescent dans une Babylone trash, sensuelle et vénéneuse.
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David Grossman, Un cheval entre dans un bar (Seuil)
Il y a trois ans, David Grossman publiait Tombé hors du temps, récit consacré à son fils disparu en 2006 lors de la guerre au Liban. Loin de cette immersion dans le chagrin dévorant d’un père, il renoue dans son douzième livre avec sa réputation d’essayiste engagé : trois cents pages où un humoriste chaussé de bottes de cow-boy se livre à un one-man-show, prétexte d’une critique virulente d’Israël. Entre deux blagues grivoises, ce kamikaze du rire fustige Tsahal, son cancer de la prostate ou l’indifférence des classes riches et déconnectées. Un numéro de funambule littéraire par le lauréat du prix Médicis étranger 2011 (pour Une femme fuyant l’annonce).
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Hakan Günday, Encore (Galaade)
Gazâ, 9 ans, aide son père à transporter des clandestins entre la Turquie et la Grèce. Il devient peu à peu le tortionnaire de ceux que l’on nomme dans sa famille la “marchandise”. Jusqu’à ce qu’une amitié vienne le sauver de la folie. S’attaquant à un sujet périlleux et tragiquement essentiel, Encore évite les écueils du misérabilisme et du morbide et s’affirme par une poésie rare (on pense au Romain Gary de La Vie devant soi). Avec ce roman coup de poing, Günday s’impose comme l’auteur à suivre de la nouvelle génération d’écrivains turcs.
Gérard Lefort, Les Amygdales (Editions de l’Olivier)
Premier roman de l’ancien journaliste de Libé. On y retrouve la causticité de sa plume. Le jeune narrateur observe sa famille bourgeoise avec un regard acéré et féroce. Il n’épargne ni son père, ni sa mère à moitié folle qui se pâme devant des maîtres nageurs en minislips rouges, encore moins sa jeune sœur qu’il déteste. Se télescopent le côté lunaire de Tati (on pense au petit Gérard – coïncidence ? – de Mon oncle), la méchanceté de Thomas Bernhard, la gouaille de Gary-Ajar. Un mélange d’influences qui donne un livre unique.
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Mario Cuenca Sandoval, Les Hémisphères (Seuil)
Deux universitaires cinéphiles ont un accident de voiture, avec pour conséquence la mort d’une femme. Ils ne l’oublieront jamais, hantés toute leur vie par elle. C’est ainsi que démarre ce remake (revendiqué) de Sueurs froides d’Hitchcock dans un Paris fantasmagorique. Trente ans plus tard, les deux amis se retrouvent, artistes accomplis, aspirés par une relation triangulaire fatale. En France, on connaît encore mal l’écrivain espagnol (philosophe, auteur de nouvelles et de trois romans, dont Le Voleur de Morphine publié au Passage du Nord Ouest), mais gageons que Les Hémisphères, œuvre ambitieuse et tourmentée, ne passera pas inaperçue.
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Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie (JC Lattès)
Elle est étonnante, Delphine de Vigan : elle commençait par une série de romans assez faibles, dont le décevant No et moi (2007), pour ne faire que s’améliorer, et se surpasser aujourd’hui avec le très retors et très brillant D’après une histoire vraie. De Vigan y raconte l’après-sortie difficile de Rien ne s’oppose à la nuit (2011), une autofiction autour de secrets (terribles) familiaux. Ici, elle mêle à ces éléments biographiques réels une fiction quasi surnaturelle sous influence Stephen King. Quand Delphine se lie avec une certaine L., qui prendra de plus en plus d’emprise sur sa vie.
Elena Costa, Daniel Avner a disparu (Gallimard)
Ce pourrait être le titre du nouveau livre de Patrick Modiano, c’est celui du premier roman d’une jeune femme de 29 ans. L’histoire elle-même est très modianesque. Après la guerre, le jeune Daniel Avner se rend chaque jour au Lutetia dans l’espoir de retrouver ses parents, raflés et déportés pendant la guerre. A la mort de son grand-père, dans les années 60, Daniel retourne devant l’hôtel. Il rencontre Dora. Dans ce livre sur la douleur d’être un survivant, Elena Costa fait entendre une voix singulière, d’une violence froide et troublante.
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