Pour évoquer un épisode dramatique de l’histoire canadienne, Elene Usdin fait preuve d’une aisance graphique époustouflante.
Attention au syndrome de Stendhal. Il suffit en effet d’ouvrir ce livre à n’importe quel endroit pour ressentir un choc esthétique rare. Avec leurs couleurs vives et leurs formes tracées avec énergie, les planches d’Elene Usdin sont comme des tableaux qui prennent vie et avalent le regard. L’artiste française, qui a été peintre pour le cinéma (Pola X de Leos Carax), illustratrice et photographe, investit cette fois le médium bande dessinée avec un roman graphique hallucinant.
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Comme son titre le suggère, René·e aux bois dormants emprunte une partie de sa trame au genre du conte. On y suit, dans un clin d’œil à Lewis Carroll, un petit garçon canadien, René, à la recherche de sa peluche. Il découvre alors un univers fantasmagorique et réalise un périple qui, en plus de le transformer en fille, lui révèle une partie de son histoire personnelle.
Les péripéties de ce récit n’ont rien de gratuit : on comprend dans la deuxième partie la raison profonde pour laquelle Elene Usdin a choisi de flirter avec le conte. Il s’agit pour elle, derrière des apparences de légèreté, d’aborder un sujet dramatique : les rafles d’enfants amérindien·nes dans les années 1960, arraché·es à leurs parents pour être placé·es dans des familles canadiennes.
René·e aux bois dormants d’Elene Usdin (Sarbacane), 272 p., 32 €. En librairie le 1er septembre
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