La New York Public Library dévoile son catalogue de littérature érotique. Un trésor longtemps caché pour raison de bonne morale.
Une bibliothèque érotique géante. Non, ce n’est pas la dernière folie commerciale de Manhattan. Ni un relooking de l’ancien magasin de jouets Toys’R’Us, mais le trésor caché d’une honorable institution : la New-York Public Library. La deuxième plus grande bibliothèque des Etats-Unis a récemment rendue public sa collection d’ouvrages érotiques, en sommeil depuis des années dans des entrepôts secrets. Seuls les conservateurs et quelques valeureux chercheurs y avaient accès. Mais finalement, les verrous de la bonne morale ont fini par sauter. Et ce sont des centaines de documents cochons d’une valeur inestimable que le monde découvre (il suffit désormais de se présenter sur place, muni de sa carte), épluchés dans un article du New-York Times.
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Razzias dans les sex-shops
Dans cette collection interdite, baptisée « Triple-Star » (en raison des trois astérisques qui ornent chaque ouvrage censuré), on trouve des romans pulp sulfureux, des magazines Playboys, une série de gravures porno de la fin du 16e siècle (avec moult satires et nymphes). Mais aussi de torrides babioles : flyers pour des salons de massage (intégral, of course), pubs pour téléphone rose, cartes à jouer représentant des filles nues… Un attirail érotique à faire pâlir d’envie Larry Flynt. Et qui fascine encore plus quand on sait comment la NYPL se l’est procuré : dans les années 70, en plein boum sexuel, la vénérable bibliothèque, soucieuse de conserver une trace de la révolution en cours, envoie ses employés faire des razzias dans les sex-shops, qui ramènent un butin aux titres chantants : Le désir animal, L’orgie de 48 heures, Les tétons de la plage, Le lécheur infatigable…
La collection longtemps censurée inclut bien d’autres trésors, ceux-là à mettre au crédit de notre patrimoine littéraire mondial. Parmi eux, le tapuscrit annoté par Henry Miller de Tropique du Cancer, la première édition de Lolita, une collection de photo érotiques de Man Ray, ou encore une série de dessins au pinceau de William Faulkner, les représentant lui et sa maîtresse dans des poses sexuelles. Cette dernière a fait don de ces œuvres à la NYSL, sous la condition qu’elles resteraient inaccessibles jusqu’à la mort de la fille de l’écrivain, Jill Faulkner Summers, disparue en 2008.
Premier magazines transgenres
La NYPL a été une pionnière à bien des égards – et pas seulement en conservant dans ses pièces secrètes les dessins grivois des plus grands génies américains (ceux de Kerouac traînent aussi dans un coin). Elle a été l’une des premières institutions à investir dans la littérature gay et lesbienne. Certaines collections datent du milieu du siècle dernier et incluent les premiers magazines transgenres : Transvestia magazine, pour ne citer que lui, fondé par la militante transgenre Virginia Prince, est une publication bi-mensuelle parue entre 1960 et 1980 qui mit à l’honneur la femme au foyer travestie… En résumé, une orgie d’ouvrages hot et diversifiés, qui pourrait donner envie à la NYPL de copier son équivalent français : en 2009, dans le cadre de l’expo « L’Enfer de la Bibliothèque, Eros au secret » la BNF dévoilait ses 350 œuvres « contraires aux bonnes mœurs » Les moins de 16 ans n’étaient pas admis.
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