Un bon livre fait-il un bon Goncourt ? C’est l’interrogation qui prévaut lorsqu’il s’avère que David Diop et Philippe Lançon, tous deux finalistes, ont vu le prestigieux prix leur échapper.
Dès la lecture du Lambeau de Philippe Lançon (Gallimard), j’étais persuadée qu’il remporterait le prix Goncourt cette année. Puis, vu son absence de la première sélection, j’ai tout misé sur David Diop, un parfait inconnu qui signait Frère d’âme (Seuil), autour d’un tirailleur sénégalais dans la Première Guerre mondiale, alors qu’on commémore le centenaire de l’armistice.
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<< Lire notre critique de "Frère d'âme"
Mais le jury, qui adore les romans de guerre, semble visiblement préférer quand celle-ci est racontée du côté des nazis (Les Bienveillantes de Littell, L’Ordre du jour de Vuillard…), et non pas des sacrifiés du colonialisme. Finalement, le prix a été attribué à Nicolas Mathieu, 40 ans, pour Leurs enfants après eux (Actes Sud).
L’obsolescence programmée de la catégorie roman
Un bon livre qui ne fera sans doute pas un bon Goncourt, mais qui a le mérite de faire la lumière sur les laissés-pour-compte de la Lorraine. Lançon, lui, a eu le Femina, ce qui a déclenché une mini-polémique à coups de tweets (voir celui, mesquin, de Pierre Assouline, juré Goncourt), sur le thème “comment un récit pouvait-il recevoir le prix Femina du roman ?”
Car c’est à ce titre que le jury du Goncourt n’a pas retenu Le Lambeau (lire notre critique). On en déduira : 1) que la catégorie même de “roman” devient obsolète quand il s’agit d’un prix ; 2) que c’est peut-être l’ensemble des prix littéraires que Philippe Lançon aurait dû recevoir cette année. Ça, ça aurait eu du panache.
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